Semaine du 15 août - Jour de fête religieuse dans les pays de tradition catholique, célébrant l'assomption de Marie.
Dans certaines localité c'est resté une journée de pèlerinage.
Pour avoir habité dans ma jeunesse aux Contamines Montjoie, en Haute Savoie, je me suis souvenu de ces pèlerinages de
Notre-Dame-de-la-Gorge, hameau d'un fond de la vallée, qui abrite une église et une chapelle,et qui était un
lieu traditionnel de pèlerinage du 15 août pour les hautes vallées de Tarentaise et les villages de haute Savoie baignés par l'Arve et de ses affluents.
J'ai moi-même dans ma jeunesse participé à deux ou trois reprises à ce pèlerinage, d'où est tiré cette photo des années 1960 de l'abbé Babaz, à l'heure de son sermon, perché sur le muret de l'entrée de l'église, la messe se célébrant à l'époque à l'extérieur.
Cette église toute blanche, et encore plus sous sa couverture de neige, abritait, jusque dans les années 1950, des ex-voto consistant en des moulages en plâtre des membres guéris par l'intercession de la vierge. Tous ces membres blancs, chacun d'une cinquantaine de centimètres de long, relégués dans un coin assez obscur de l'église, avait enflammé mon imagination de jeune enfant. Déjà abîmés et cassés lorsque je les avaient vus, ils ont été supprimés lors d'une première restauration succincte de l'église vers ces années 1960.
Et puisque nous en sommes aux pèlerinages, un clin d'oeil sur celui de Lourdes, à partir de vues effectuées durant un séjour de travail, et qui m'a permis de réaliser un petit livre sur Lourdes et sa région, en auto-édition.
A voir aussi les pages que j'y ai consacré (pèlerinage, ville de Lourdes et ses environs).
Notre Dame de la Gorge et sa chapelle
La légende veut que la chapelle de Notre-Dame-de-la-Gorge, perchée en flanc de paroi du Bon Nant, a été construite par un bûcheron. En effet celui-ci s'était retrouvé en hiver en très mauvaise posture, sur cette paroi faites de rochers lisses avec des à-pics de plusieurs dizaines de mètres. Il fit le voeu que s'il survivait il construirait une chapelle à la Vierge.
Tout d'abord située en bordure de torrent, elle fut par la suite construite à son aplomb, et on y accède par un sentier très raide.
L'abbé Babaz
L'abbé Babaz était très aimé des habitants des Contamines-Montjoie dont il fut le curé. Il construisit notamment deux importantes maison familiales, mais commença par restaurer une vieille ferme à Notre-Dame-de-la-Gorge, qui devint la première maison familiale des Contamines (et une des premières de France... le principe étaient que les familles et leurs enfants partageaient tous les travaux durant leur séjour de vacances - j'ai moi-même ainsi été de corvée de vaisselle). Ce bâtiment est à présent un lieu de colonie de vacances.
L'abbé Félix Babaz avait été désigné peu après son installation aux Contamines comme 'Le phénix des snoilles' (le phénix des cloches - en patois local - se prononçait snoye - même racine que sonnailles...), pour avoir remplacé (ajouté ?) des cloches pour le clocher de l'église du village. Jeune curé, il avait dû affronter au début le dédain de ses paroissiens, car il ne savait même pas soigner ses ouailles, ce que faisait son prédécesseur ! Le docteur habitait à 8 km de là et n'était sollicité que pour les cas extrêmes.
Au passage, cette petite anecdote : dans la cure (la maison du curé - où j'ai habité quelques mois), il y avait à l'étage un cabinet de toilettes muni d'un double siège de wc. Il s'agissait donc de cuvette jumelle, d'un seul tenant autant que je me le souvienne. Cela permettait à un couple d'aller ensemble au toilettes...
Cela peut sembler bizarre de trouver un tel "meuble"
dans une cure... Mais sans doute, comme cela se fait encore par endroits, que le curé louait à l'occasion une partie de sa demeure à des gens de passage, lui permettant un apport financier bienvenu dans ces contrées qui était souvent très pauvres. Ce cabinet de toilettes, situé à l'étage, a été remplacé dès les années 1950 ...
En ce concerne la cure des Contamines, l'abbé Babaz y a souvent accueilli des abbés de passage durant la période des vacances, de la même façon qu'il nous a permis de nous y abriter le temps de trouver un logement à louer.
Jeune enfant je l'ai aidé dans les taches quotidienne à la hauteur de mon âge (désherbage au jardin, vidage de la fosse sceptique...), et aussi, avec régularité, sonner les cloches pour l'Angélus, en faisant attention de ne pas tirer trop fort sur les cordes en bas du clocher, corde qui vous soulevait par le battement de la grande cloche, à la fin de la dernière grande volée de sonnerie qu'il fallait arrêter.
L'abbé Babaz est décédé depuis plusieurs années. Il avait l'esprit vif et ouvert.
J'ai voulu ici lui rendre hommage à travers ces quelques souvenirs.
Photo de la semaine 33 de l'année 2012 |