Cistes roses et cistes blancs dans une Provence fleurie, en tout début d'été
La période du mois de juin en Provence voit éclore maintes fleurs spécifiques du climat méditerranéen.
Parmi celles-ci les cistes roses qui forment des bouquets aux couleurs pastels
avec le vert pâle de leur feuilles et leur pétales roses, toutes fripées.
Définition du terme Ciste, du dictionnaire d'Agriculture de Barral et Sagnier de 1892
CISTE, Cistus. Genre de plantes qui a donné son nom à la famille des Cistées, et qui fait partie de la Polyandrie monogynie. Presque toutes les espèces sont naturelles au midi de l’Europe, principalement aux contrées qui bordent le bassin de la Méditerranée; une seule est originaire du cap de Bonne-Espérance.
Ce sont des arbustes ou des sous-arbrisseaux à feuilles simples et opposées, à fleurs (dont les pétales tombent le même jour qui les a vus naître), pédonculées, axillaires, assez grandes et se développant les unes après les autres durant un mois ou deux. Leurs formes élégantes plaisent aux yeux, quand les fleurs, épanouies en grand nombre, se montrent les unes jaunes, roses ou blanches, et disposées tantôt en épis ou en grappes terminales, tantôt solitaires ou diversement groupées à l’extrémité des rameaux. Les espèces aux fleurs les plus belles, aux fleurs qui ressemblent à des roses, sont :
- le Ciste pourpre, C. purpureus, des îles de Candie (Crête), de l’Archipel et de la Syrie, dont les corolles (lèvres supérieures), d’un beau rouge, avec une tache pourpre-brun à la base des pétales, ont cinquante-quatre millimètres de large ;
- le Ciste a feuilles de consoude, C, symphitifolius, aux fleurs d’un rouge pâle, disposées, au nombre de six à dix, en une sorte d’ombelle terminale;
- le Ciste a feuilles de laurier, C. laurifolius, que l’on trouve dans le midi de la France, qui porte des fleurs très-blanches, réunies quatre à huit ensemble ;
- et le Ciste ladanifère, C. ladaniferus, chargé de fleurs toutes blanches, marquées à la base de leurs pétales d’une tache rouge foncé.
La culture de ces quatre espèces est facile en nos départements du midi; mais ils ne peuvent supporter le froid de nos hivers dans ceux situés au nord. Quoiqu’ils soient d’un aspect élégant, on les admet rarement au sein des jardins d’agrément; la majeure partie de leurs buissons va chauffer le four ou bien sert de pâture aux bestiaux.
L’industrie tire parti de la gomme-résine que produisent les espèces suivantes : le Ciste de Crète, C. ereticus, arbuste très-touffu, garni de petites feuilles ovales, ridées, velues et d’un vert terne ; les Cistes à feuilles de laurier et ladanifère. ainsi que le Ciste de Chypre, C. cyprius, qui n’est qu’une variété tenant de ces deux dernières espèces. La substance odorante répandue sur les sommités et sur les jeunes feuilles, que l’on sent d’assez loin le soir, est d’un roux noirâtre, et se nomme Ladanum.
Les Grecs la ramassent au moyen d’une espèce de râteau sans dents, auquel sont fixées plusieurs lanières de cuir d’égale longueur, disposées sur un double rang ; durant les fortes chaleurs et les jours calmes, on passe et repasse ces lanières sur les touffes ou buissons de Cistes. Le ladanum se fixe sur elles, et on le reprend en raclant les lanières avec un couteau ; puis on le dispose en pains. Pour en augmenter la masse on la pétrit avec un sablon noirâtre, très-fin, qui se trouve sur les lieux. La sophistication n’est pas facile à reconnaître à l’œil. Dans d’autres localités, comme à l’époque de Dioscoride, et même plus anciennement comme au temps d’Hérodote, on n’amasse pas seulement le ladanum avec des cordes ou des courroies, on détache avec soin, au moyen d’un peigne en bois, celui qui s’attache à la barbe, aux poils du cou, des cuisses et des jambes des chèvres qui broutent les Cistes ladanifères.
En Espagne, on cueille les sommités et les feuilles couvertes de cet enduit résineux ; on les jette dans de l’eau bouillante, où il surnage, et on l’enlève sans en perdre. En France, on néglige cette récolte. C’est un tort que l’on ne saurait trop reprocher à nos cultivateurs voisins de la Méditerranée. Le ladanum est employé en médecine; appliqué extérieurement, il amollit, atténue, résout; pris à l’intérieur, il est tonique et astringent. II est recommandé par quelques praticiens dans les diarrhées et les affections catarrhales, mais sous ce rapport son usage est bien déchu ; les pharmaciens le font entrer dans la composition de plusieurs de leurs préparations.
Si l’on voulait varier les bosquets et former de jolis massifs, on pourrait, suivant les localités, rechercher le Ciste a feuilles de peuplier, C. populifolius ; le Ciste a longues feuilles, C. longifolius ; le Ciste a feuilles de romarin, C. libanotis, provenant des régions du midi ; le Ciste a feuilles de sauge, C. salvifolius, qui ne quitte pas le littoral de la mer, et se plaît surtout aux mêmes lieux qu’habite le chêne-liège; ainsi que la première de ces dernières espèces, il supporte, dans le nord de là France, le froid de nos hivers sans beaucoup souffrir; le, Ciste cotonneux, C. incanus, que l’on confond souvent avec le Ciste blanchâtre, C. albidus, quoique très-différents l’un de l’autre, et qui est sujet à se confondre avec les autres espèces à fleurs rouges par le mélange des poussières fécondantes. On les multiplie par le semis des graines, par la voie si facile des boutures, et par marcottes; mais celles-ci sont longtemps à s’enraciner. .
Il serait à désirer que l’on plantât de Cistes les sols arides et ceux impropres aux cultures ordinaires, qui pullulent dans nos départements du midi et du sud-est. On choisirait particulièrement les espèces ladanifères ; elles y réussiraient aussi bien, elles s’y montreraient aussi vigoureuses que s’y montrent le Ciste crépu, C. crispus, aux fleurs purpurines, aux pétales légèrement échancrés en cœur, aux feuilles blanchâtres et crépues sur les bords ; le Ciste ledon, C. ledon, dont les sommités et les feuilles se montrent parfois couvertes d’un enduit résineux et aromatique.
Photo de la semaine 26 de l'année 2013
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