ARBOUSIER, Arbutus, L. (bot. phan. ) Des arbustes, dont quelques uns s’élèvent à la hauteur des arbres constituent ce genre de la famille des Bruyères, qui appartient à la Décandrie monogynie de la nomenclature linnéenne. On en connaît une vingtaine d’espèces ; la plus intéressante sous tous les rapports, c’est
L’Arbousier commun ou des Pyrénées, A. Unedo, L., Ce bel arbrisseau, qui monte depuis deux et quatre mètres et demi jusqu’à sept à dix, croît spontanément dans nos forêts du midi, en Italie, en Espagne et particulièrement sur les dunes et la mer de sables qui s’étend de l’embouchure de la Gironde aux pieds des Pyrénées. Son tronc se divise en rameaux irréguliers, nombreux, d’un beau rouge, et forme des taillis du plus bel aspect, surtout lorsqu’ils sont chargés de fleurs et de fruits. II est impossible d’en voir des massifs plus élégants que sur le cratère éteint de Valcrose, près de Murviel, département de l’Hérault. Le beau feuillage dont l'Arbousier est orné persiste l’hiver, il est alterne, ovale-oblong, denté; d’un vert brillant, sur lequel tranche agréablement le pétiole, qui est rouge. En septembre, puis en février, il est couvert de fleurs blanches ou roses, simples ou doubles, suivant la variété, disposées en grelots et en grappes pendantes axillaires ou terminales. Le fruit qui leur succède est semblable à la fraise de nos jardins, d’où l’Arbousier a reçu le nom vulgaire d'Arbre aux fraises et Fraisier en arbre. Il est très-sucré, d’une couleur rouge vif à l’époque de sa maturité, c'est-à-dire à l’entrée de l’hiver. Les oiseaux le dévorent; quelques personnes en mangent, quoique son goût âpre et son astringence aient été cause du nom spécifique Unedo que porte l’Arbousier, et qui, abrégé de anum edo signifie j’en mange assez d’un. Quoi qu’il en soit, on retire de Sa pulpe jaune, mucilagineuse, un sucre liquide prêt à se cristalliser, et de l’alcool de seize à vingt degrés. Il est essentiel de n’opérer que sur les fruits d’une parfaite maturité ; on recueille d’abord ceux tombés par l’effet du vent ou par suite de légères secousses de la main; puis ceux qui cèdent sans efforts au simple toucher, et après les avoir pressés dans des sacs sous l’action de la meule, on les traite comme le moût du raisin dont on veut obtenir du sucre. L’eau-de-vie d’Arbouse, comme celle du raisin, est le produit de la fermentation spiritueuse et de la distillation. Cette double découverte date de l’année 1807, et appartient à l’Espagnol Juan Armesto. L’Arbousier se multiplie de graines semées en temps sec, au mois de mars, et de marcottes. Cultivé sous le climat de Paris, il demande à être couvert de litière pendant l’hiver; durant les grands froids, il faut quelquefois le rentrer dans l’orangerie. On en possède une variété panachée.
Trois autres espèces méritent de trouver ici une mention,
L’Andrachné ou Arbousier à panicules A. andrachne, L. originaire du mont Ida de l'Anatolie et des îles de la Grèce, subsiste très-bien en pleine terre dans le midi de la France; mais plus haut il est sujet à périr de froid. C’est un arbrisseau faisant naturellement pyramide; son écorce lisse, d’un rouge brun, tombe chaque, année au plus fort des chaleurs; ses feuilles son plus larges, plus luisantes que celles du précédent; ses fleurs, constamment blanches, et en panicules, s’épanouissent en mars. Sa culture est difficile, je devrais dire très-exigeante.
L’Arbousier des Alpes, A, alpina, est, avec la fonce arctique, le dernier arbuste à fruits comestibles, que l’on rencontre sur les plus hautes montagnes de l’Europe. Sa tige rampante est garnie de feuilles oblongues, dentées, ridées, ciliées; ses baies noirâtres sont d’un goût agréable, et très précieuses pour les Lapons, les Samoyèdes, les Kouriles, et autres peuples du cercle polaire (connu plutot sous le terme : Arctostaphylos alpina).
L’Arbousier raisin d’ours, A. uva ursi, a bien, Comme la précédente espèce, la tige étalée sur le sol, et pour habitation les monts les plus élevés ; mais il en diffère d’abord par ses feuilles, assez voisines de celles du buis, ce qui le fait appeler quelquefois Busserole qui sont petites, éparses luisantes, et par ses baies d’un beau rouge, en grappes et peu agréables à manger; les ours en font leurs délices.
Les feuilles des diverses espèces d’Arbousiers contiennent une grande quantité de tanin et d’acide gallique ce qui les fait rechercher pour le tannage des cuirs. On leur donne aussi des propriétés médicales, surtout contre la gravelle; mais j’avoue qu’on peut en contester l’héroïsme.
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