Ramassage de feuilles mortes et la compétitivité

Quelques réflexions un peu décousues sur le ramassage des feuilles mortes et de la compétitivité des nations.

Ramasser des feuilles mortes a un côté dérisoire, surtout lorsqu'il est répété presque chaque jour en début d'automne, sur les mêmes pelouses, aux abords d'une cité universitaire.

Nous sommes ici en Lettonie (ce pourrait être ailleurs..., l'endroit n'est pas spécialement représentatif), où le salaire des personnes de services est fort bas. Ce que ne montre pas ces photos est que ces ramassages sur cette pelouse ont eu lieu presque chaque jour durant la quinzaine que j'ai passé sur place.
L'utilité de telles actions est sans doute très faible dans sa dimension répétitive, hors la nécessité de dégager les passages réservés aux piétons pour éviter toute glissade.

Mais si ces personnes de service ( ici des femmes et un couple) sont payées au mois, la démarche peut se comprendre, si cela les fait vivre.
Et cette gestion est, par ailleurs, sans doute tout à fait localement justifiée - nous ne sommes pas là pour en juger, seuls le peuvent les habitants.

Mais où est la rentabilité dans tout cela et là qu'en est-il de la compétitivité d'une nation qui utilise de telles pratiques, pourrions-nous objecter !
Cette interrogation vient en écho aux réflexions de Gilles Ardinat dans son article "La compétitivité, un mythe" du 'Monde diplomatique' de ce mois d'octobre, et aurait pu en être une des illustrations, soulignant qu'une nation, qu'une société, ne peut être mesurée au seul regard de sa compétitivité économique.

D'où la réflexion résultante, qu'une dépense ne devraient pas systématiquement être jugée à l'aune de sa rentabilité mais aussi,
tout autant, vis à vis de son utilité ou poids social.

Que dire aussi de ce travail par essence improductif ! - Qu'en pense ces travailleurs ? Vaut-il mieux un travail de ce genre payé par la société (d'une façon ou d'une autre) ou une non-activité compensée par un revenu de type RSA ?
Cela à voir avec la fameuse "compétitivité" d'une nation,
mais aussi avec la dignité de chacun (et encore une fois je ne sais s'il vaut mieux un travail en partie inutile avec un revenu sans doute assez bas, ou moins de travail et un revenu de type chômage en substitution).

... Sachant l'inévitable montée du chômage, au niveau mondial ...

En effet il faut faire entrer le paramètre que l'automatisation (robotisation) croissante de la société diminue d'autant la part de travail qui reste à l'homme, que l'on parle d'activités manuelles (usines robotisées, agriculture...) mais aussi intellectuelles (voir à ce sujet les systèmes de rédaction informatisée (robotisée) d'articles de presse, ou la place que prend les systèmes informatiques de prévisions boursières prenant pour partie la place des traders.

Nous citons ici les traders pour souligner le fossé

• entre une activité de spéculation financière qui a une action directe sur la vie de chacun malgré son aspect totalement fictif, mais utile dans notre système de société même s'il découle d'un modèle pernicieux (à mon sens),
• et un simple travail concret de ramassage de feuilles mortes, improductif mais qui a un sens, socialement.
  

En caricaturant on pourrait se poser la question qui suit :
Vivre en ramassant inlassablement des feuilles mortes ou vivre de ne rien faire ?

De Riga, dans ces mini-séries de photographies de la semaine, voir aussi :

• Ouvriers dans le froid et la neige
• Chats et pigeons affamés sous la neige
• Soleil comme un i sur un pont
• Enfant de sable dormant sur le sable de Riga
• Traces discrètes sur sable fin
• Couronnes de fleurs à la St Jean
• Tissus balte en Lettonie

Photo de la semaine 43 de l'année 2012