Cinq heures du soir, il y a un an, à peu près à la même époque, un randonneur à ski montant vers les chalets du Truc, lieu-dit à 1800 mètres d'altitude, au-dessus des Contamines-Montjoie.
Le randonneur me dépasse et s'éloigne sur le chemin. La neige tombe, et le temps passant, tombe plus drue.
Arrivé au chalets du Truc, but de ma petite ballade à pied, alors que le soir vient et qu'un dense brouillard mêlé à de la neige descend des hauteurs, j'aperçois au loin mon randonneur continuant imperturbablement à monter dans les pentes neigeuses, vierges de toute trace, disparaissant finalement au lointain.
Avec l'impression que le soir, la neige, et les sommets allait l'absorber, l'effacer.
Je suppose qu'il a du redescendre aux petit hameau des Chalets de Miage à 1600 m, 300 m plus bas que le col du Truc.
Il a donc du arriver à destination vers 7 heures du soir, dans la nuit, la neige, la brume.
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Peu d'article, ou alors très succinct, sur le terme Ski dans les dictionnaires avant 1900,
sous les anciennes dénominations, SKIE ou patin des neiges
Quelques textes des années 1800
LE SKIE, OU PATIN DE NEIGE.
Le skie ou patin de neige des Norvégiens et des Lapons est une légère planche qui atteint quelquefois plus de deux mètres de long, mais dont la largeur ne dépasse pas celle du pied; elle est relevée à ses extrémités, qui se terminent en pointe; au milieu, la planche a une épaisseur double; c’est en cet endroit, formant une espèce d'exhaussement, que se pose le pied, qui, enveloppé de son épaisse chaussure, est maintenu par une bride en cuir. On voit que ce patin ne diffère point de celui qu’emploie le corps des chasseurs (skielœbere ) décrit dans l'article de 1835, ci-dessous; mais il ne ressemble pas à celui qu’ont imaginé les indigènes des régions boréales de l’Amérique du Nord, lequel n’a guère que 12 à 13 décimètres de longueur sur 60 centimètres de largeur dans sa partie moyenne, et se compose de deux légères tringles de bois, réunies par un réseau de courroies de cuir.
Le skie est plus en usage dans le Finmark que dans toute autre partie du Nord, à cause de la nature montueuse de ce pays, et dans les temps reculés c’était un signe tellement caractéristique de ses habitants, qu’on les appelait Skidfinny ou Skridfinny (Finnois aux Skies); le pays lui-même prit, selon quelques écrivains, les noms de Skidfinnia, Scrisfinnia ou Skridfinniat que l’on peut encore lire sur quelques cartes d’une date peu ancienne. Rien n’arrête le Lapon qui a chaussé le skie: il glisse avec autant de facilité sur la terre couverte de neige, que sur les nappes solides des lacs et des rivières. Cette longue planche, que l’on pourrait croire incommode, l’embarrasse si peu qu’il touche à peine le sol. Il emploie le skie pour la chasse du renne et des autres animaux à l’état sauvage. Lorsqu’il est lancé à la poursuite de sa proie, et qu’il arrive au pied d’une montagne qui arrête sa course, il couvre quelquefois le dessus de ses patins d’un morceau de peau de renne ou de veau marin, dont le poil, tourné vers l’arrière, s’oppose à toute marche rétrograde, et il se fraie ainsi un chemin vers le sommet en adoucissant la pente par des zigzags adroitement ménagés.
Lorsque le patineur descend, il change ses allures. Souvent le flanc escarpé des montagnes en Laponie et dans le Finmark a plusieurs milliers de mètres d’étendue, et sur ces longues déclivités sont des masses énormes de rochers détachés ou des rampes tortueuses et glissantes presque à pic. Quand donc le Lapon a au-dessous de lui une côte, il se ramasse sur lui-même, les genoux pliés, le corps un peu penché en arrière, et tenant à la main un bâton qu’il appuie sur la neige et qui lui sert à modérer sa marche quand elle devient trop rapide. Rencontre-t-il un quartier de roche ou tout autre obstacle imprévu, son adresse est telle qu’il le franchit en un bond de plusieurs mètres, et sa vitesse est si grande qu'il descend à la lettre avec la rapidité de la flèche au milieu d’un tourbillon de neige.
Des voyageurs prétendent qu’un Lapon peut parcourir avec le skie jusqu’à 50 myriamètres ou 100 lieues en un jour.
Jeux du Nord
Le Magasin pittoresque de 1842, illustration du texte ci-dessus
L'explorateur norvégien Nansen - Le Petit Journal du 11 avril 1897
Remarquez ses skis juste sanglés et son bâton - piolet
Plus qu’aucun autre humain le Norvégien Nansen s’est approché du pôle Nord, objectif de tant de scientifiques curiosités.
L’énergie qu’il a dépensée est extraordinaire.
Son plan primitif est aussi hardi que simple.
Il sait que l’on a retrouvé des débris de navires qui ont contourné le pôle, donc il y a un passage libre; il ne s’inquiète pas si le trajet possible pour une planche ou une poutre le sera pour un navire; il va chercher le courant et s’y abandonne.
Au prix d'efforts inouïs, il conduit son bateau le Fram jusqu’à des hauteurs inconnues, puis estimant que ce n’est point encore assez il part sur la glace avec Johansen, son intrépide ami, et arrive avec lui jusqu'au 86° 15’.
Arrivés là, il fallut redescendre, impossible de monter plus haut.
Lorsque le 18 juin 1896 au cap Flora ils sont enfin recueillis par l’expédition Jackson, il y a trois ans qu'ils sont partis.
Pendant ce temps la jeune Mme Nansen est restée seule avec une petite fille née quelque temps après le départ de son père, qui ne la connaît pas et toujours pense à elle au milieu de ses plus cruelles épreuves.
Nansen a été reçu par ses compatriotes avec un enthousiasme, dépassé peut-être par celui des Français.
Paris lui a donné fête sur fête, honneur sur honneur; le président de la République l’a reçu et l’a nommé commandeur de la Légion d'honneur; la Société de Géographie a organisé pour lui une séance solennelle et lui a remis sa grande médaille d’or; dans des réceptions particulières, on a témoigné enfin au héros de la science toute l’admiration que mérite son indomptable énergie
C’est justice, car s’il est permis de prétendre que l’art n’a point de frontière, il est encore plus juste de considérer le résultat des travaux d’un savant tel que Nansen comme appartenant à l'univers tout entier.
Le Petit Journal du 11 avril 1897
En fin de page, le ski dans la guerre
Photo de la semaine 08 de l'année 2013
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