Article de 1892 du dictionnaire d'agriculture de Barral et Sagnier
Araigne (chasse). — Filet employé principalement pour la chasse des grives et des merles. On donne à l’araigne la forme d’un losange. On le monte sur deux perches portées par deux hommes qui le présentent obliquement aux oiseaux et les enveloppent; ou bien encore on attache chacune des deux extrémités à un bâton que l’on fixe peu solidement sur deux branches d’arbre. Il faut que les oiseaux, en venant donner dans le filet, le fassent tomber facilement, à cause du peu de solidité de l’attache, et se trouvent enveloppés dans ses plis comme dans une sorte de toile d’araignée. Les mailles ont 0m,03 de largeur; le fil dont elles sont faites est délié et retors en deux ; les proportions adoptées varient en largeur de 2m,30 à 2m,64, et en hauteur de à 2 mètres; on le peint en vert ou en brun pour qu’il soit peu visible.
ARAIGNéE (zoologie et économie rurale). — On donne vulgairement le nom d’araignée à tout animal articulé armé de huit pattes, n’ayant pas d’ailes, tirant de son corps un fil avec lequel il peut se suspendre ou bien former des pièges ou des cocons. Le nom d’Aranéide est meilleur et est adopté par les entomologistes.
Les aranéides forment une division de la classe des arachnides. Leur corps est composé de deux divisions principales : 1° la tête réunie au thorax et constituant un céphalothorax unique ; 2° l’abdomen, qui est globuleux et mou et adhère, par un pédoncule mince, à la première division du corps. Le céphalothorax porte, en avant, des yeux simples au nombre de 2 à 8 ; la bouche est placée au-dessous d’une sorte d’avancement ou lèvre supérieure, et au-dessus d’une lèvre sternale et d’une languette membraneuse et velue ; la bouche elle-même consiste en deux mandibules ayant la forme de pinces monodactyles pourvues d’un seul onglet, en deux mâchoires et en deux palpes articulés. L’onglet des mandibules est très dur, pointu, percé d’un trou donnant passage au venin dont l’araignée se sert pour engourdir ou tuer la proie dont elle se nourrit. Les mandibules, nommées chélicères, forcipules, antennes-pinces, serres, ont des couleurs très diverses, brun foncé, vert métallique, bleu d’acier ou azuré. L’animal se sert de ses mandibules pour saisir sa proie, la blesser, introduire le venin dans la plaie ; la victime est sucée, ou bien elle est malaxée, ramollie par la salive et introduite dans l’ouverture buccale et l’œsophage. Les palpes ou bras palpaires présentent cinq articles.
Les palpes des mâles sont gros, volumineux, et se terminent par une massue arrondie ou ovale, creusée en capsule; ceux des femelles sont plus petits et ont, à l’extrémité, un crochet en griffe. C’est avec les palpes que les mâles recueillent le sperme et fécondent les femelles. Sur le céphalothorax sont attachées les huit pattes des aranéides, ordinairement composées de sept articles et terminées par des griffes ou crochets. Ces pattes sont plus ou moins grosses et longues, selon que les espèces sont coureuses, voyageuses, sauteuses ou sédentaires.
L’abdomen est mobile par son attache sur le céphalothorax; il est enveloppé d’une peau tendue, sans segments appréciables; il est revêtu de poils et d’un duvet fin; il se termine par un anus et par 4 ou 6 mamelons charnus qui constituent les filières Quatre de ces filières sont charnues, percées d’un trou, et fournissent la soie ; les deux autres sont velues et semblent être des tentacules ou palpes. Cet appareil est entouré d’un cercle membraneux et. rentre dans l’abdomen ou en sort rapidement pour jeter la soie et former un fil, à la volonté de l’aranéide. A la partie inférieure et antérieure de l’abdomen se trouvent deux ou quatre ostéoles qui sont des ouvertures respiratoires, et, entre ces fentes, sont placés les organes de la génération. La circulation et la respiration ont lieu par un vaisseau dorsal ramifié et par des poumons et des trachées. Les œufs sont diversement colorés; ils sont enveloppés d’un cocon ordinairement filé par la femelle.
Les araignées jouent en agriculture un rôle important par la chasse qu’elles pratiquent contre les insectes nuisibles, tant aux récoltes qu’aux animaux domestiques, pour la consommation qu’elles en font.
Les toiles d’araignée sont la meilleure protection qu’on peut avoir contre la propagation des phylloxéras ailés. Les fils et les toiles d’araignée que l’on voit répandus en nombre immense, dans la campagne, sur le sol, sur les herbes, sur les pierres, sur les arbres, que les vents et les brouillards agglomèrent et amoncellent, qui brillent dans les airs d’une blancheur éclatante, que les paysans appellent des fils de la Vierge, ne sont pas autre chose que des cordages ténus produits par les araignées et qui nettoient l’atmosphère et le sol d’innombrables insectes à l’état de larves ou à l’état parfait.
Les araignées sont toutes zoophages, et elles méritent la protection de l’homme qui, ignorant ou imbu de préjugés sans fondement, leur fait souvent une chasse funeste à ses intérêts. Elles ont d’ailleurs un grand nombre d’ennemis naturels qui se chargent suffisamment de mettre des bornes à l’excès de leur multiplication. Tels sont beaucoup d’oiseaux, les écureuils, les lézards, les grenouilles, les crapauds, plusieurs hyménoptères fouisseurs. On dit qu’une brebis des steppes de la Russie déterre les tarentules pour les manger.
Les araignées peuvent supporter de très longs jeûnes sans périr; beaucoup vivent plusieurs années malgré de durs hivers ; elles ne subissent pas de métamorphoses, mais seulement elles changent de peau, c’est-à-dire éprouvent des mues. On peut les manger sans inconvénient ; quelques peuples sauvages recherchent une grande espèce d’épeire comme un aliment délicat; il arrive bien souvent qu’en mangeant du raisin on absorbe inconsciemment de petits théridions. Au Brésil et au Kamtchatka on réduit les araignées en poudre pour consommer cette poudre comme aphrodisiaque. Les toiles d’araignées sont hémostatiques et arrêtent bien le sang qui s’écoule de petites plaies.
ARAIGNéE (médecine vétérinaire). — Nom donné vulgairement à une maladie des mamelles, qui consiste dans une simple inflammation de la peau de ces organes.
un autre article plus scientifique sur les arachnides peut être lu sur la page des "Portraits d'araignées"
Photo de la semaine 21 de l'année 2013
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