Articles sur les araignées du dictionnaire encyclopédique de Dupiney de Vorepierre, édition de 1867
ARACHNIDES, s. f. pl. [On pron. araknide. ] (gr. apaxun, araignée). T. Zool.
Enc. — Les Ar. constituent, dans la méthode de Cuvier, la 2e classe de l'embranchement des Animaux articulés. Cette classe, qui a été établie et nommée ainsi par Lamarck, se distingue nettement des Insectes et des Crustacés. — Chez les Ar. la tête est confondue avec le thorax, et l'ensemble de ces deux parties a reçu le nom de Céphalothorax. La partie postérieure du corps consiste tantôt en une masse globuleuse et sans divisions, comme chez les Araignées, tantôt en une série d'anneaux distincts, comme chez les Scorpions. Ces animaux sont tous dépourvus d'ailes, mais ils sont munis de 4 paires de pattes attachées au thorax, et terminées en général par 2 crochets. Ils n'éprouvent pas de véritables métamorphoses, mais de simples mues. Leur corps est ordinairement de consistance molle, surtout l'abdomen, et peu garni de poils propres à le protéger. — La bouche des Ar. se compose de deux mandibules ou pièces articulées en forme de petites serres et armées de crochets mobiles; d'une paire de mâchoires lamelleuses supportant chacune un palpe de plusieurs articles; d'une languette placée au-dessous des mandibules et fixée entre les mâchoires, et d'une lèvre inférieure formée par un prolongement du sternum. Les mandibules des Ar. se meuvent en sens contraire de celles des Insectes, c. -à-d. de haut eu bas: Latreille les regardait comme les analogues des antennes et en conséquence il les a nommées Chélicères ou Antennes-pinces. Chez les Ar. parasites dont la bouche est en forme de siphon on de suçoir, ces organes sont remplacés par deux lames pointues.
Fig. 1. Bouche de l'Araignée domestique vue en dessous,
a, a, mandibules; b, b, mâchoires; d, lèvre sternale; c, c, premier article des palpes; d, plastron.
Fig. 2. Tête vue de profil. mandibule terminée par le crochet;
c, mâchoire; d, palpe; e, lèvre.
D'après les dessins du professeur Dugès, dans Cuvier, 'Règne animal.
— Dans les espèces les plus parfaites, le tube digestif est en général de forme assez simple: sa partie thoracique on estomac présente quelquefois plusieurs appendices cœcaux, et sa partie abdominale offre deux renflements dont le premier a reçu le nom de duodénum, et le second celui de gros intestin. Il existe, chez la plupart des Ar., des vaisseaux biliaires analogues à ceux des Insectes; mais chez les Scorpions, on observe des glandes hépatiques en grappe. Le plus grand nombre des Ar. ont un système nerveux constitué par une masse ganglionnaire centrale située à la partie moyenne du thorax, qui émet de chaque côté quatre branches destinées aux pattes, qui présente en avant deux autres ganglions d'où partent les nerfs optiques et mandibulaires, et enfin qui donne naissance en arrière à deux cordons se réunissant bientôt pour former un renflement d'où émanent les filets qui se rendent aux divers organes contenus dans l'abdomen. Chez les Scorpions (voy. ce mot), l'organisation de l'appareil nerveux est supérieure a ce qui existe chez les antres animaux de la classe dont nous parlons.
La respiration a lien tantôt an moyen de trachées, comme chez les Insectes, tantôt an moyen de poumons; mais les organes qui portent ce nom sont simplement de petites poches composées d'une multitude de lamelles membraneuses, unies et rapprochées entra elles à la manière des feuillets d'un livre (Fig. 3). Ces poumons sont logés dans l'abdomen et reçoivent l'air par des ouvertures transversales situées à la face inférieure du corps et appelées Stigmates (Pneumostomes de Latreille); cas derniers sont au nombre de 2, de 4 et même de 8. Certaines Ar., quoique pourvues de poumons, possèdent également des trachées et réunissent ainsi les deux formes d'appareil respiratoire. — Le système circulatoire consiste essentiellement en un cœur situé sur le dos, ayant la forme d'un gros vaisseau allongé qui reçoit les vaisseaux venus des poumons et donne naissance aux artères destinées aux diverses parties du corps. (Fig. 4. a, prolongement qui va dans le céphalothorax; b, vaisseaux du poumon antérieur; c, vaisseaux du poumon postérieur. ) Dans les espèces qui respirent au moyen de trachées, il parait n'y avoir qu'un simple vaisseau sans ramifications, analogue au vaisseau dorsal des Insectes. — On sait peu de chose sur les organes des sens chez ces animaux. Le toucher s'exerce évidemment par l'extrémité des pattes et surtout au moyen des palpes maxillaires; mais, quoique les Ar. paraissent posséder la faculté de l'audition, l'anatomie n'y a pas découvert d'appareil spécial pour cette fonction. Quant à leurs yeux, leur organisation est d'une extrême simplicité. Ils sont très-nombreux, le plus souvent au nombre de 8, et sont disposés de manières assez diverses; en conséquence, on a pris en considération le nombre et la disposition de ces organes pour l'établissement des genres dans celte classe d'animaux.
La plupart des anciens observateurs avaient pensé que, chez les mâles, les organes de la reproduction étaient situés à l'extrémité des palpes; mais il paraît que ces parties ne sont que des organes excitateurs. Les Ar. sont ovipares. Un grand nombre enveloppent leurs œufs dans un cocon de soie. Chez quelques espèces, la femelle reste auprès de sa progéniture pour veiller à sa conservation; parfois même elle porte constamment son cocon avec elle, ou emporte ses petits sur son dos, lorsqu'ils sont trop faibles pour marcher. — Nous avons dit que les Ar. n'éprouvaient que de simples mues: néanmoins, dans certaines espèces, les deux dernières pattes ne se développent qu'à un âge plus ou moins avancé, et n'apparaissent qu'au moment d'un changement de peau. C'est seulement après la quatrième ou cinquième mue au plus, que les animaux de cette classe deviennent aptes à se reproduire.
En général, les Ar. se nourrissent d'Insectes, qu'elles saisissent vivants; mais plusieurs espèces se fixent sur le corps des animaux et de l'homme lui-même. Elles se bornent à sucer les humeurs de leur proie ou de l'animal sur lequel elles vivent en parasites. Quelques-unes cependant ne se trouvent que dans la farine, sur le fromage et même sur divers végétaux.
Cuvier et Latreille divisent la classe des Ar. en deux ordres, les Ar. pulmonaires et les Ar. trachéennes. Les premières possèdent des sacs pulmonaires et un cœur avec des vaisseaux bien distincts. Elles ont en général de 6 à 8 petits yeux lisses; mais chez quelques-unes il en existe 10 à 12. Les secondes sont dépourvues de poches pulmonaires et respirent seulement à l'aide de trachées qui communiquent avec l'air extérieur par deux stigmates très-petits situés à la face inférieure de l'abdomen. Le nombre des yeux lisses varie de 2 à 4; quelques espèces même en sont tout à fait dépourvues. — Chacun de ces ordres a été lui-même subdivisé: ainsi les Ar. pulmonaires constituent deux familles, celle des Ar. fileuses ou Aranéides et celle des Pédipalpes; et l'ordre des Ar. trachéennes comprend trois familles, les Pseudo-scorpions ou Faux-scorpions, les Pycnogonides et les Holètres. Voy. ces mots.
ARACHNOïDE, s. f. [On pron. araknoïde. ] (gr. apaxun, toile d'araignée; eidos, ressemblance).
Enc. — Les anatomistes nomment ainsi, à cause de sa ténuité, l'une des membranes qui enveloppent le cerveau, et l'on donne le nom d'Arachnoïdite à l'inflammation de celte membrane. Voy. Encéphale et Méninge. — En Zoologie et en Botanique, le terme Ar. s'emploie adjectivement pour désigner certaines parties qui offrent quelque analogie soit avec la forme des Araignées, soit avec les toiles qu'ourdissent ces animaux.
ARAIGNéE, s. f. (lat. aranea). Genre d'animaux à corps articulé, dépourvus d'ailes, remarquables par leurs huit pattes grêles et allongées, et par les fils qu'ils produisent. Ar. de cave. Ar. qui file. Toile d'ar. Fil d'ar. — Par ellipse, ôter les araignées d'un plafond, En ôter les toiles d'ar. || Fig. et fam., Cette femme a des pattes d'ar., Elle a des doigts longs et maigres.
Enc. — Les Araignées constituent la seconde section des Arachnides fileuses ou Aranéides. Elles n'ont qu'une seule paire de poumons et de stigmates, d'où le nom d'Aranéides dipneumones qu'elles ont reçu. En outre, toutes ont des palpes à cinq articles, insérés sur le côté externe des mâchoires, et une languette avancée entre les mâchoires, tantôt presque carrée, tantôt triangulaire ou semi-circulaire. Les filières sont en gén. au nombre de six. — La section des Araignées forme deux tribus principales, subdivisées elles-mêmes en groupes secondaires. La première de ces tribus comprend les Araignées sédentaires, qui construisent des toiles, ou tout au moins jettent des fils pour surprendre leur proie, et se tiennent habituellement dans ces pièges ou tout auprès. Dans la deuxième, on range les espèces qui ne font pas de toile, mais qui vont à la chasse des insectes, et se retirent dans des trous ou dans des cavités qu'elles tapissent de leurs fils: ce sont les Araignées vagabondes. Enfin, en doit, avec Walckenaer, placer tout à fait à part l'Argyronète, qui est la seule espèce d'Ar. aquatique
connue.
Araignées sédentaires. — Ces Araignées ont les yeux rapprochés sur la largeur du front: ces organes sont au nombre de 6 ou de 8; dans ce dernier cas, il y en a 4 ou 2 au milieu, et Sou S de chaque côté. Latreille les distingue Rectigrades et en Latérigrades, suivant que, dans leur marche, elles se portent toujours en avant, et suivant qu'elles peuvent se porter non-seulement en avant, mais encore en arrière et sur les côtés. Les Rectigrades ourdissent des toiles et sont toujours stationnantes; leurs pieds sont élevés dans le repos. Leurs yeux ne forment point, par leur disposition générale, un segment de cercle ou un croissant. — Les Rectigrades se subdivisent encore en Tubitèles ou Tapissières, en Inéquitèles ou Filandières, et en Orbitèles ou Tendeuses.
Les Tubitèles ou Tapissières ont les filières cylindriques, rapprochées en un faisceau dirigé en arrière. Elles filent des toiles blanches d'un tissu serré, qu'elles placent dans des fentes, dans des trous de mur, sous les pierres, entre les branches et les feuilles des végétaux: leurs pieds sont robustes. Elles comprennent les genres Clotho, Drasse, Ségestrie, Clubione et Ar. proprem. dite. — Les Clothos ont 8 yeux; leurs 2 filières supérieures sont un peu plus longues que les autres, et leurs mandibules sont inclinées sur la lèvre dont la forme est triangulaire.
Le type du genre est la Cl. de Durand (Fig. l), qui se trouve en France aux environs de Narbonne et dans les Pyrénées. La Cl., suivant les observations de L. Dufour, établit à la surface inférieure des grosses pierres, ou dans les fissures des rochers, une sorte de pavillon (Fig. 2) dont le contour présente sept ou huit échancrures fixées par leurs angles sur la pierre, au moyen de faisceaux de fil, tandis que les bords restent libres. Ces échancrures sont formées de plusieurs épaisseurs d'étoffes qui sont liées ensemble, et entre ces épaisseurs. L'Ar. ménage quelques passages secrets par lesquels seule elle peut s'introduire dans son pavillon, qui reste impénétrable à tout autre insecte. L'extérieur de cette tente, remarquable par sa texture, ressemble à un taffetas d'une finesse extrême, et dont l'épaisseur s'accroît avec l'âge de l'ouvrière; car, à chaque mue, elle ajoute à celle toile un certain nombre de doublures. Enfin, l'époque de la reproduction étant arrivée pour la CI., elle tisse un appartement encore plus duveté et pins moelleux, où elle renfermera le sac des œufs et les petits qui en devront éclore. C'est dans les premiers jours de janvier ou dans les derniers de décembre qu'a lieu la ponte des œufs. Pour préserver ce précieux dépôt contre les rigueurs de la saison, la Cl. l'enveloppe de duvet et l'applique sur la pierre en dehors de sa tente. Lorsque les petits sont éclos, elle leur prodigue ses soins; mais dès que ceux-ci peuvent se passer de leur mère, ils l'abandonnent et vont loin d'elle établir leurs pavillons particuliers. La mère reste seule dans sa tente, qui lui sert de tombeau. — Les Drasses ont 8 yeux rangés quatre par quatre sur deux lignes. Les mâchoires forment un cintre autour de la lèvre, qui est allongée et presque ovale. Ou trouve aux environs de Paris le Dr. reluisant, espèce fort petite, presque cylindrique, avec le thorax fauve, recouvert d'un duvet soyeux et pourpré: l'abdomen, mélangé de bleu, de rouge cl de vert, présente deux lignes transversales d'un jaune d'or, dont l'antérieure est arquée. On y voit quelquefois quatre points dorés. Les Drasses se tiennent sous les pierres, dans les fentes des murs, l'intérieur des feuilles, et s'y fabriquent des cellules d'une soie dont la blancheur est éblouissante. Les cocons de quelques-uns sont orbiculaires, aplatis et composés de deux valves appliquées l'une sur l'autre. — Les Ségestries ont 6 yeux presque égaux, et possèdent à la fois des poumons et des trachées. Degeer et Lister ont reconnu que ces Araignées sont nocturnes. Elles construisent des tubes allongés, très-étroits, cylindriques, où elles se tiennent en embuscade, les premières paires de pattes dirigées en avant et posées sur autant de fils qui divergent, mais qui tous aboutissent au tube comme à un centre commun. Sitôt qu'une mouche vient s'embarrasser dans ces filets, les mouvements qu'elle fait pour se dégager ébranlent les fils sur lesquels sont posées les pattes de l'Ar. De cette façon, celle-ci reconnaît de quel côté est sa victime, et elle fond dessus pour la dévorer. On trouve assez souvent dans les maisons de Paris une espèce de ce genre, la Ség. perfide (Fig. 3), qui est longue de 15 millim., et a le corps velu, d'un noir tirant sur le gris de souris, avec les mandibules vertes et des taches noires le long du dos et de l'abdomen. — Les Araignées proprement dites ou Tégénaires de Walckenaer ont leurs deux filières notablement plus longues que les autres, et
leurs quatre yeux antérieurs disposés sur une ligne courbe (Fig. 5). Elles construisent aux angles des murs, dans l'intérieur de nos habitations, sur les plantes, dans les baies, et souvent sur les bords des chemins, dans la terre ou sous les pierres, une grande toile à peu près horizontale, a la partie supérieure de laquelle est un tube où elles se tiennent immobiles. Là, elles restent des semaines entières, les yeux tournés vers leur toile, attendant patiemment qu'un insecte vienne s'y embarrasser. A peine a-t-il touché les fils, que l'Ar. s'élance sur lui :
s'il est petit, elle l'enlève sur-le-champ et l'emporte dans sa demeure; mais quand la taille de celui-ci lui permet le lutter contre son ennemie, elle tire un fil de ses filières, et, le dirigeant avec ses pattes postérieures sur l'insecte qui se débat, elle l'enlace de tous côtés, et parvient à rendre ses mouvements impuissants: alors elle le suce à son aise. S'il lui paraît trop fort pour elle, on la voit briser aussitôt elle-même les fils de sa toile pour lui rendre la liberté. L'Ar. domestique (Fig. 4) est l'espèce la plus commune dans nos maisons; elle est noirâtre, avec deux rangées de taches brunes dont les plus grandes sont les antérieures: son abdomen est de forme ovale. — Les Clublones (Fig. 6) Cl. nourrice) diffèrent surtout des Araignées proprement dites, en ce que la ligne formée par les quatre yeux antérieurs est droite ou presque droite. C'est sous des pierres, dans des fentes de murs ou entre les feuilles, qu'elles construisent les tubes soyeux qui leur servent d'habitation.
Les Ar. inequitèles ou Filandières ont des filières presque coniques, faisant peu de saillie convergentes et disposées en rosette. Leurs pieds sont grêles et leurs mâchoires sont inclinées sur la lèvre. Leur abdomen est plus volumineux, plus mou et plus coloré que dans les genres qui précèdent. Enfin, leurs toiles représentent un réseau irrégulier, et sont composées de fils qui se croisent en tous sens et sur plusieurs plans.
— Latreille place dans ce groupe les genres Scytode, épislne, Theridion et Pholque. — Les Scytodes n'ont que 6 yeux, qui sont disposés par paires. La Scytode thoracique (Fig. 7) est longue de 6 millim. 1/2 à peu près; son corps est d'un beau jaune tacheté de noir, et le céphalothorax présente en dessus deux lignes noires. Cette espèce se trouve dans nos maisons: suivant Walckenaer, elle porte son cocon dans ses mandibules.
— Les Episines ont 8 yeux rapprochés sur une élévation commune, et le corselet étroit, presque cylindrique. — Les Théridions ont également 8 yeux, 4 au milieu en carré, dont les 2 antérieurs placés sur une petite éminence, et 2 de chaque côté, situés aussi sur une élévation commune. Le céphalothorax est en forme de cœur renversé ou presque triangulaire. Le Thér. bienfaisant (Fig. 8) a été ainsi nommé par Walckenaer, parce qu'il s'établit entre les grappes de raisin, et les garantit de l'attaque de plusieurs insectes. Le Ther. malmignatte, qu'on trouve en Toscane et dans l'île de Corse, passe pour très-venimeux: son corps est noir, avec treize petites taches d'un rouge de feu sur l'abdomen. — Les 8 yeux des Pholques sont placés sur un tubercule et divisés en trois groupes, un de chaque côté, formé de 3 yeux disposés en triangle, et le troisième au milieu, composé de 2 yeux placés sur une ligne transverse. Le Ph. phalangiste ou Ar. domestique à longues pattes (Fig. 9) a le corps long, étroit, et d'une couleur jaune, presque livide; l'abdomen est à peu près cylindrique, très-mou, et marqué en dessus de taches noirâtres. Il est commun dans nos maisons, où il construit une sorte de réseau composé de fils flottants et très-espacés, et tendus sur plusieurs plans. Celte Ar. agglutine ses œufs en une masse ronde qu'aucun tissu ne recouvre, et les transporte ainsi entre ses mandibules.
Le groupe des Araignées orbitales ou tendeuses, comprend les genres Linyphie, Ulobore, Tétragnathe et épeire. Ce groupe se distingue du précédent par les mâchoires qui sont droites et sensiblement plus larges à leur extrémité. Les yeux sont disposés ainsi: 4 au milieu, formant un quadrilatère, et 2 de chaque côté. Leur abdomen, grand et mou, présente des couleurs assez variées. Les Orbitèles font des toiles en réseau régulier, composé de cercles concentriques croisés par des rayons droits, se rendant du centre à la circonférence. Quelques-unes se construisent au bord de leur toile, qui est tantôt horizontale, tantôt perpendiculaire, une cavité ou petite loge où elles se tiennent cachées. Leurs œufs sont agglutinés, très-nombreux et renfermés dans un cocon volumineux. Les fils qui soutiennent la toile de ces Araignées peuvent s'allonger d'un cinquième environ: les astronomes s'en servent pour construire les micromètres qu'ils placent dans l'intérieur des télescopes. — Les Linyphies (Fig. 10. Lin. montagnarde) ont les mâchoires carrées, droites, presque de la même largeur. Leurs yeux sont ainsi disposés: 4 au milieu, formant un trapèze dont le côté postérieur est le plus large; les 4 autres groupés par paires, une de chaque côté et dans une direction oblique. Elles construisent sur les buissons, les genêts, les pins, etc., une toile horizontale, mince, peu serrée, et tendent au-dessus, sur plusieurs points et d'une manière irrégulière, des fils perpendiculaires ou obliques qu'elles fixent aux lieux environnants. L'animal se tient à la partie inférieure de sa toile et dans une situation renversée.
— Les Ulobores ont les 4 yeux postérieurs placés à intervalles égaux sur une ligne droite, et les 2 latéraux de la première ligne plus rapprochés du bord antérieur du céphalothorax que les 2 compris entre eux. Leur corps est allongé et presque cylindrique. Dès qu'une mouche ou un autre insecte est empêtré dans set filets, cette Ar, l'emmaillote en un instant et le suce ensuite à son aise. L'Ar. de Walckenaer (fig. 11) est long de 11 millim. environ, d'un jaune noirâtre, et couvert d'un duvet soyeux. On le trouve dans les bots des environs de Bordeaux et de plusieurs départements du midi. — Les Tétragnathes ont les yeux situés, quatre par quatre, sur deux lignes presque parallèles, et séparés par des intervalles presque égaux. La Tét. étendue (Fig. 12) construit sur les buissons une toile verticale, à réseau régulier, au centre de laquelle elle se tient. Degeer a trouvé de jeunes Araignées de cette espèce adhérentes à plusieurs de ces fils de soie que l'on voit, dans les beaux jours d'automne, voltiger en l'air, et il a même observé qu'elles les allongeaient. — Les épeires ont les 2 yeux de chaque côté rapprochés par paires et presque contigus, et les quatre autres forment au milieu un quadrilatère. Leurs mâchoires se dilatent dès leur base, et constituent une palette arrondie. Les espèces de ce genre construisent une toile verticale ou inclinée: les unes se placent au centre, le corps renversé ou la tête en bas; les autres se font tout auprès une demeure, tantôt en forme de tube soyeux, tantôt composée de feuilles rapprochées et liées par des fils, tantôt ouverte par le haut et imitant un nid, d'oiseau. Leur cocon est en général globuleux ou ovoïde.
L''ép. fasciée (Fig. 13. Femelle; 14. Mâle) est très-commune dans le midi de la France, où elle s'établit sur le bord des ruisseaux. Le céphalothorax est couvert d'un duvet soyeux et aplati; son abdomen est d'un beau jaune, entrecoupé par intervalles de lignes transverses, noires ou d'un brun noirâtre. Son cocon mérite d'être cité: il est long d'environ 27 millim., et a la forme d'un petit ballon de couleur grise, avec des raies longitudinales noires: une de ses extrémités est tronquée et fermée par un opercule plat et soyeux. L'ép. à cicatrices ne travaille et ne prend de nourriture que pendant la nuit, ou lorsque la lumière du jour est faible. L'ép. conique a l'habitude de suspendre à un fil l'insecte qu'elle a sucé. L'Ep. cucurbitine est la seule Ar. de ce genre qui se file une toile horizontale. Les autres espèces indigènes sont l'ép. diadème, l'èp. scalaire, l'ép. soyeuse et l'ép. brune. Parmi les exotiques, il y en a de très-remarquables: les unes ont l'abdomen revêtu d'une peau très-ferme, avec des pointes ou des épines cornées; d'autres ont des faisceaux de poils aux pieds; l'Ep. curvicaude de Java a l'abdomen élargi postérieurement et terminé par deux longues épines arquées. La toile de certaines espèces exotiques est composée de fils si forts, qu'elle arrête de petits oiseaux, et, dit-on, embarrasse même l'homme qui t'y trouve engagé. Enfin, les naturels de la Nouvelle-Hollande et de quelques îles de la mer du Sud mangent, à défaut d'autre aliment, une espèce d'Epeire, appelée Ep. plumipède. — Les Araignées qui font partie de lu tribu des Latérigrades ont en général les mandibules petites et les mâchoires inclinées sur la lèvre. Le corps est ordinairement aplati, à forme de Crabe, avec l'abdomen long, arrondi ou triangulaire. Leurs yeux sont toujours au nombre de 8, et forment, par leur réunion, un segment de cercle ou un croissant. Ces Araignées se tiennent tranquilles, les pieds étendus sur les végétaux. Elles ne font point de toile et jettent simplement quelques fils solitaires pour arrêter leur proie. Elles cachent leur cocon entre des feuilles dont elles rapprochent les bords, et veillent sur lui arec sollicitude jusqu'à l'éclosion des petits. Parmi les genres qui composent cette tribu, nous citerons les Micrommates, les Philodromes et les Thomises. — Les Micrommates ont les mâchoires droites et parallèles: leurs 8 yeux sont disposés quatre par quatre sur deux lignes transverses dont la postérieure est plus longue et arquée en arrière. La Mic. smaragdine (Fig. 15), qui est d'un vert de gramen, avec les côtés bordés d'un jaune clair, et l'abdomen bordé d'un jaune verdâtre, coupé sur le milieu du dos par une ligne verte, est commune dans les bois des environs de Paris. On y rencontre aussi la Mic. argélasienne. — Les Philodromes et les Thomises sont munis de 8 yeux presque égaux entre eux, occupant le devant du céphalothorax, et placés sur deux lignes en croissant; mais
les pattes des premiers sont presque égales entre elles, tandis que celles des seconds sont très-inégales. Plusieurs espèces appartenant à ces deux genres habitent la France. Nous nous contenterons de citer le Phil. rhombifère (Fig. 16), ainsi nommé du rhombe ou trapèze noirâtre qu'il présente à la partie antérieure du dos, et le Tho. citron (Fig. 17). Ce dernier est long seulement de 4 millim. 1/2.
Araignées vagabondes. — Cette tribu se compose d'espèces qui ont le céphalothorax grand et les pieds robustes. Leur caractère distinctif réside dans la disposition de leurs yeux, qui s'étendent au moins autant d'avant en arrière que transversalement. Latreille a divisé cette tribu en deux groupes: les Citigrades et les Saitigrades. — Les Citigrades, appelées aussi Araignées-loups, ont le céphalothorax ovoïde et rétréci en avant. Leurs pattes ne sont propres qu'à la course. En général, les femelles se tiennent sur le cocon qui renferme leurs oeufs, et l'emportent avec elles: c'est seulement à la dernière extrémité qu'elles l'abandonnent; mais, le danger passé, elles reviennent aussitôt veiller à sa sûreté. Parmi les genres de ce groupe, nous mentionnerons uniquement ceux qui renferment des espèces indigènes. Les Lycoses ont les yeux disposés sur trois lignes transverses, la première formée de 4, et les deux autres de 2. Ces Araignées courent très-vite, habitent presque toutes à terre, et y pratiquent en général des trous qui leur servent d'habitation. D'autres s'établissent dans les fentes des murs, les cavités des pierres, etc.: quelques-unes font un tuyau composé d'une toile fine, long d'environ 5 centim., et recouvert à l'extérieur de parcelles de terre. Toutes se tiennent près de leur demeure et y guettent leur proie, sur laquelle elles s'élancent avec une rapidité étonnante. Parmi les espèces qui composent ce genre, la plus célèbre, sans contredit, est la Lyc. tarentule. Elle est très-commune aux environs de Tarente, en Italie, et c'est de là qu'elle a reçu son nom.
La Tarentule narbonnaise (Fig. 18) est bien plus petite que celle d'Italie. Le venin de cette espèce d'Ar. a été le sujet d'une infinité de fables. Ainsi, on a cru pendant longtemps que sa morsure produisait une maladie appelée tarentisme, qui ne se pouvait guérir qu'au moyen de la musique. Certains auteurs ont même indiqué et noté les airs réputés les plus propres à opérer la guérison des tarentolati, c'est-à-dire des malades atteints
du tarentisme. C'est un fait connu aujourd'hui même du vulgaire que le venin de celte Ar. n'est dangereux que pour les insectes dont elle fait sa proie. Son histoire n'offre donc plus d'intérêt sous ce rapport; mais, sous celui de ses mœurs, elle mérite d'être étudiée. La Tarentule se plaît dans les lieux arides et exposés au soleil; elle se tient dans des conduits souterrains parfaitement cylindriques, qu'elle creuse dans le sol jusqu'à la profondeur d'environ 35 centim. Ces sortes de clapiers ont d'abord une direction verticale, puis ils forment un coude au tiers de leur longueur, et reprennent ensuite leur direction primitive. C'est à l'origine de ce coude que la Tarentule se poste en embuscade pour épier sa proie et s'élancer sur elle. L'orifice extérieur du terrier est quelquefois terminé par un tuyau que l'Ar. construit avec de petits fragments de bois sec artistement disposés les uns au dessus des autres, et unis au moyen d'un peu de terre glaise. Ce tube, qu'elle tapisse, ainsi que l'intérieur de son terrier, de fils soyeux, met son réduit à l'abri des inondations et des corps étrangers qui pourraient tomber dans l'orifice et l'obstruer, Il lui sert en outre d'embûche, en offrant aux mouches et aux autres insectes dont elle se nourrit un point saillant pour se poser. — La Lyc. corsaire se trouve sur le bord des eaux stagnantes à la surface desquelles elle court, sans se mouiller, à la poursuite de sa proie. — Les Dolomèdes ont les yeux disposés sur trois lignes transverses représentant un quadrilatère un peu plus large que long, avec les deux postérieurs situés sur une éminence. La femelle du Dol. admirable (Fig. 19) se construit, au sommet des arbres chargés de feuilles ou dans les buissons, un nid soyeux en forme d'entonnoir ou de cloche, et y fait sa ponte: lorsqu'elle va à la chasse ou est obligée de fuir, elle emporte avec elle son cocon fixé sur la poitrine. — Les Oxyopes ont 8 yeux disposés deux par deux sur quatre lignes transverses. L'Ox. bigarré (Fig. 20) a environ 9 millim. de longueur: son corps est gris, mélangé de noir et de roux, avec les pattes d'un roux pâle, tachetées de noirâtre. On a trouvé cette espèce aux environs de Brives (Corrèze).
Les Araignées qui constituent le groupe des Saltigrades sont remarquables par la grosseur de leurs cuisses antérieures et par leurs pieds admirablement disposés pour le saut et pour la course; elles marchent par saccades, s'arrêtent tout court après avoir fait quelques pas, et se haussent sur les pieds antérieurs. Quand elles découvrent un insecte, une mouche, un cousin surtout, elles s'en approchent doucement, jusqu'à une distance qu'elles puissent franchir d'un seul bond, et s'élancent tout à coup sur leur victime. Plusieurs Saltigrades construisent entre les feuilles, sous les pierres, etc., des nids de soie en forme de sacs ovales et ouverts aux deux bouts, où elles se retirent pour se reposer, faire leur mue et se garantir des intempéries des saisons. Ce groupe renferme les deux genres èrèse et Atte ou Saltique, dont quelques espèces habitent la France. Nous citerons seulement l'Erèse cinabre (Fig. 21) et le Saltique chevronné (Fig. 22, double grandeur). Le premier est remarquable en ce que son céphalothorax et ses pattes sont entièrement noirs, et en ce que son abdomen est d'un beau rouge cinabre, avec quatre points noirs sur la partie supérieure. Le second est long d'environ 8 millim. Son corps est noir, avec l'abdomen ovale, allongé, ayant trois bandes blanches demi-circulaires.
Le genre Argyronète ne renferme encore qu'une seule espère, l'Arg. aquatique (Fig. 23). Ses yeux sont au nombre de 8, dont 2 de chaque côté, très-rapprochés l'un de l'autre, et placés sur une éminence: les 4 intermédiaires forment un quadrilatère. Elle est d'un gris brunâtre sombre et revêtue de poils assez longs. Quoique destinée à respirer l'air atmosphérique, cette Ar. habite dans les eaux dormantes, et choisit les lieux où les plantes aquatiques croissent en grand nombre. Lorsque l'Argyronète vient à la surface de l'eau, les poils innombrables qui revêtent son corps emprisonnent une multitude de petites bulles d'air, de sorte que quand elle plonge elle se trouve toujours environnée d'air respirable. Elle nage ordinairement à la renverse, le céphalothorax en bas et l'abdomen en haut, et l'air qui entoure ce dernier le fait paraître brillant comme du vif-argent. L'Argyronète se construit dans l'eau une coque soyeuse qu'elle maintient dans une position convenable au moyen de fils fixés aux plantes environnantes. Cette cloche, qui est de la grosseur d'une noix et d'une grande régularité, n'offre qu'une ouverture très-étroite qui lui sert d'entrée. Quand cette habitation est en partie terminée, l'animal vient à la surface de l'eau, élève son abdomen hors du liquide, replie ses pattes et rentre précipitamment dans l'eau, emportant une quantité innombrable de petites bulles d'air. Arrivé sous sa cloche, il se débarrasse de ces bulles, retourne à la provision, et répète ce manège jusqu'à ce qu'il ait complètement rempli la coque qui va lui servir de demeure. Il s'établit alors dans celle habitation, et c'est de là qu'il s'élance sur les petits animaux engagés dans les fils tendus aux alentours. Lorsque l'air de la cloche est vicié par sa respiration, l'Argyronète la renverse et la remplit de nouveau. A l'époque de la ponte, elle fabrique un petit cocon avec une soie extrêmement blanche et d'une grande finesse, y dépose ses œufs et les fixe dans sa loge avec quelques fils. Peu de jours après, les petites araignées éclosent; et à peine sont-elles échappées de l'œuf, qu'elles abandonnent l'habitation de leur mère, et se construisent une cloche particulière. Quoique cette Ar. ne sorte jamais de l'eau, elle peut néanmoins vivre quelque temps hors de ce liquide; toutefois elle dépérit rapidement et meurt au bout de peu de jours. Cette espèce est rare aux environs de Paris; mais on la trouve dans divers lieux de la France, notamment en Champagne. Elle est plus commune dans le nord de l'Europe; on la rencontre même en Laponie.
ARANéIDES. s. f. pl. (lat. aranea, araignée).
t. zool.
Enc. — Dans la méthode de Cuvier et Latreille, le terme d'Ar. est synonyme d'Arachnides fileuses. Les Ar. constituent la première famille des Arachnides pulmonaires, et présentent les caractères suivants: — Mandibules terminées par un crochet mobile, arqué, dur et pointu, offrant près de la pointe un petit trou pour la sortie du venin avec lequel l'animal donne la mort à ses victimes; palpes pédiformes, sans pince au bout, terminés au plus, chez les femelles, par un petit crochet; mâchoires au nombre de deux; céphalothorax présentant ordinairement une impression en forme de Y, qui indique l'espace occupé par la tête; yeux au nombre de 6 et plus souvent de 8; abdomen mobile et en général mou, qui est suspendu au céphalothorax par un pédicule court, et qui est muni, au-dessous de l'anus, de 4 à 6 filières (Fig. 1. Les 6 filières et l'anus de l'Araignée domestique), c. -à d. de 4 à 6 mamelons charnus au bout, cylindriques ou coniques, articulés, très-rapprochés les uns des autres et percés à leur extrémité d'une infinité de petits trous pour donner passage aux fils soyeux que sécrètent ces animaux; pieds composés de sept articles, dont les deux premiers forment les hanches, le troisième la cuisse, le quatrième et le cinquième la jambe, et les deux derniers le tarse.
Le venin, chez les Ar., est sécrété par une vésicule qui est logée dans la mandibule ou dans le céphalothorax et qui communique par un conduit excréteur à l'extrémité du crochet dont nous avons parlé. (Fig. 3. Crochet mandibulaire portant sa glande venimeuse, très-grossi. Fig. 4. Extrémité de ce crochet avec la fente et l'orifice du venin. ) Latreille a observé qu'une seule piqûre d'une Aranéide de moyenne taille fait périr notre Mouche domestique dans l'espace de quelques minutes. La morsure des grandes espèces, connues dans l'Amérique du Sud sous le nom d'Araignées-crabes, est capable de donner la mort à de petits animaux vertébrés. Elle peut même déterminer chez l'homme un accès de fièvre, mais non des accidents mortels, ainsi qu'on l'a prétendu.
Les organes sécréteurs de la soie consistent en vésicules de diverses grosseurs entourées d'un tissu glaireux et terminées par un canal qui va aux canules du dernier article. La matière contenue dans ces vaisseaux ressemble à une gomme visqueuse, insoluble dans l'eau et dans l'alcool, fragile comme du verre, et n'offrant de souplesse que quand elle est divisée en fils fort minces. La substance soyeuse s'écoule par les ouvertures microscopiques des mamelons et forme une multitude de filaments d'une ténuité prodigieuse qui sont en nombre égal à celui des trous (ces derniers dépassent le nombre de mille dans certaines espèces), et qui, en le réunissant tout ensemble à leur sortie, constituent les fils destinés à la construction de la toile. L'Araignée les dévida par le seul poids de son corps ou à l'aide de ses polies. [Fig. 2. a, grande vésicule de l'organe qui sécrète la soie il y en a cinq, b, petites vésicules, petite filière portée sur une portion de la peau à la base de la grande. d, premier article de celle-ci dépouillé de ses poils, e, second article, également dépouillé, f, troisième article auquel on a enlevé les poils et la majeure partie des petites canules dont on ne voit que l'insertion. Cette figure, ainsi que celles qui précèdent, sont empruntées à Duges, dans la nouvelle édition du Règne animal de Cuvier. ] Au sortir des mamelons, les fils de soie sont gluants, et il leur faut un certain degré de dessiccation pour pouvoir être employés. Mais, lorsque la température est favorable, un instant suffit, puisque les Ar. s'en servent aussitôt qu'ils s'échappent de leurs filières. — Lister avait affirmé que certaines Araignées éjaculent et lancent au loin leurs fils qui, nonobstant, restent attachés au corps; mais ce fait a été jugé impossible. Cependant Latreille a vu des fils sortir des mamelons de quelques Thomises, se diriger en ligne droite et former comme des rayons mobiles, lorsque l'animal se meut. — Les Ar. emploient la soie qu'elles sécrètent non-seulement pour ourdir leurs filets ou former les tubes qui leur servent de demeure, mais encore pour construire les coques destinées à renfermer leurs œufs. — Ces longs fils et ces flocons blancs et soyeux qu'on voit voltiger au printemps et en automne, après un temps brumeux, et qu'on appelle vulgairement Fils de la Vierge, ne se forment pas dans l'atmosphère, ainsi qu'on l'a cru fort longtemps: des observations multipliées ont prouvé qu'ils sont produits par des Araignées appartenant principalement aux genres épeire et Thomise. Ces flocons sont surtout constitués par les grands fils qui doivent servir d'attache aux rayons de la toile ou par ceux qui en composent la chaîne. Ces fils, devenant plus pesants à raison de l'humidité, s'affaissent, se rapprochent et finissent par se rouler en pelotons. Souvent on voit ceux-ci se réunir près de la toile commencée par l'animal et de l'endroit où il se tient. Il est d'ailleurs probable que beaucoup de ces Ar. n'ayant pas encore une provision assez abondante de soie, se bornent à en jeter au loin de simples fils: c'est ainsi que se produisent ceux que l'on voit en grande abondance croisant les sillons des terres labourées et réfléchissant la lumière du soleil. — On est parvenu à fabriquer des bas et des gants avec la soie que sécrètent certaines Ar.; mais ces essais ne peuvent être que de simples objets de curiosité.
Les Ar. ont été divisées en deux sections, suivant le nombre de leurs poumons. La première est celle des Tétrapneumones c.-à-d. des Ar. pourvues de quatre poumons, et la seconde celle des Dipneumones qui n'en possèdent que deux. Comme ces dernières sont plus souvent appelées du nom d'Araignées, nous en avons traité à ce mol. Il ne nous reste donc plus à parler ici que des Tétrapneumones.
Parmi ces Ar. on distingue d'abord les Mygales. Elles ont les pieds et les mandibules robustes, et les crochets de ces dernières sont repliés en dessous. Les palpes sont insérés à l'extrémité supérieure des mâchoires, de sorte qu'ils paraissent être composés de six articles, dont le premier ferait l'office de mâchoire. Leurs yeux, au nombre de 8, sont en gén. groupés sur une éminence; il y en a, de chaque côté, trois formant un triangle renversé, et les deux autres sont disposés transversalement au milieu des précédents. Les Mygales sont pourvues de 4 filières dont les deux extérieures sont très-saillantes, tandis que les deux intermédiaires et inférieures sont ordinairement très-courtes. C'est à ce genre qu'appartiennent les plus grandes Araignées connues. Quelques-unes, dans 1 état de repos et les pattes étendues, occupent un espace circulaire de 19 à 21 cent. de diamètre: on connaît en Amérique sous le nom d'Araignées-crabes.
La Mygale aviculaire (Fig. 5) ainsi parce qu'on prétend qu'elle s'attaque même aux petits oiseaux, a de 36 à 54 mm. de longueur. Elle est noirâtre, très-velue, avec l'extrémité des palpes, des pieds et les poils inférieurs de la bouche rougeâtres. Elle se trouve à la Martinique
La Myg. maçonne (Fig. 6. Femelle; 7. Mâle), qu'on rencontre dans nos départements méridionaux, n'a que 18 millim. de longueur; mais elle est remarquable par son industrie. Cette espèce établit en général sa demeure contre des tertres secs, compactes et exposés au midi. Elle se creuse des galeries souterraines qui ont souvent jusqu'à 65 centim. de profondeur et qui sont très-infléchies. Elle tapisse l'intérieur de son terrier avec un tissu soyeux et en ferme l'entrée au moyen d'une porte à charnière. Ce couvercle est composé de plusieurs couches de fils cimentés avec de la terre glaise, et offre une disposition telle que son propre poids suffit pour le fermer. (Fig. 8. Nid de la Myg. maçonne. ) La Mygale se place ordinairement en sentinelle derrière sa porte, et lorsqu'elle redoute de voir sa
demeure envahie par un ennemi, elle s'accroche courageusement à la partie intérieure et bombée du couvercle de sou terrier et oppose une résistance énergique pour empêcher de l'ouvrir. — La Myg. pionnière, qui habite la Corse et la Toscane, a des habitudes analogues. — Le genre Atype a les palpes insérés sur une dilatation inférieure du côté externe des mâchoires, et n'a que cinq articles. L'Ar. de Sulzer( Fig. 9) se trouve chez nous dans plusieurs localités, et entre autres aux environs de Paris. Cette espèce se creuse, dans les terrains en pente et couverts de gazon, un boyau cylindrique, long de 19 a 21 centim., où elle se file un tube de soie blanche ayant les mêmes formes et les mêmes dimensions que le boyau. Le cocon est fixé avec de la soie, et par les deux bouts, au fond de cette demeure. — Les genres érodion, Dysdère et Filistate n'offrent rien qui mérite d'arrêter notre attention.
Un autre article de dictionnaire présente les araignée du point de vue de l' agriculteur sur la page des
Toiles d'araignée aux gouttes de brume |