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Photographie de la troisième semaine de mai 2013

Cadavres d'animaux le long des routes

 


Mésange écrasée - © Norbert Pousseur

... petite mésange écrasée dont il ne reste que quelques plumes ...       Photographie Norbert Pousseur
Île de France - 1999 - Neg 6x6- n120a99p182v04


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Scène de rues à Porto, avant 1900
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aux gouttes de brume

 

Images cruelles de cadavres d'animaux le long de nos routes...

Pierre Barthélémy, journaliste scientifique écrivant dans le journal Le Monde qui publie aussi son Blog, citait sous le titre
'La durée de non-vie des carcasses sur la route' dans le numéro du 27 avril de cette année,
une étude de Sara M. Santos, Filipe Carvalho, António Mira, de l'université d'Evora au Portugal.

L'étude citée est disponible dans son intégralité, en anglais sur le site Plos One, sous le titre :
How Long Do the Dead Survive on the Road? Carcass Persistence Probability and Implications for Road-Kill Monitoring Surveys

L'étude a permis de comptabiliser 4447 cadavres d'animaux le long de 37 km de route, sur une durée 15 mois. Comme on peut le lire dans l'intitulé du texte, les scientifiques avaient surtout pour but de voir avec quelle rapidité ces cadavres disparaissaient, avec son implication sur la circulation automobile.

Pour illustrer cette triste réalité, j'ai puisé dans mes archives, ces quelques images donnant une assez bonne idée de la diversité des animaux qui peuvent être fauchés par les autos.

Je l'ai complété, en fin de page, par un article très pragmatique de conseils donnés en 1892 aux agriculteurs, leur explicant comment tirer parti, à la campagne, de toutes les parties des animaux morts.



Photo de la semaine 20 de l'année 2013

 
Le même en espagnol :
Cadáveres de animales a lo largo de los caminos
Le même en anglais :
Corpses of animals along roads
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Cette vue de pigeon écrabouillé a été peinte numériquement pour gommer les tristes détails.
Elle peut être agrandie dans ce cadre jusqu'à 80% de sa taille réelle de prise de vue,
en utilisant la fonction zoom.

 

 

 

 

Cadavre de renard - © Norbert Pousseur

... renard en bord de route départementale ...      Photographie Norbert Pousseur
Île de France - 2004 - Num 6 Mpx - 10db_1146

 


Moineau écrabouillé - © Norbert Pousseur

... moineau en décor macabre ...      Photographie Norbert Pousseur
Île de France - 2007 - Num 10 Mpx- 400da_0759

 


 

Grenouille sur macadam - © Norbert Pousseur

... grenouille, comme avec un cri silencieux ...      Photographie Norbert Pousseur
Île de France - 1999 - Neg 6x6 - n120a99p175v15

 


 

Souriceau recroquevillé - © Norbert Pousseur

... souriceau, recroquevillé en foetus...      Photographie Norbert Pousseur
Île de France - 2008 - Num 10 Mpx - 400da_6157

 


 

Serpent dont il ne reste que la peau - © Norbert Pousseur

... ne reste que la peau du serpent sur la rudesse du macadam ...      Photographie Norbert Pousseur
Île de France - 1999 - Neg 6x6 - n120a99p155v07

 


 

Sauterelle écrasée - © Norbert Pousseur

... grande sauterelle écrasée par un soulier de randonneur ...      Photographie Norbert Pousseur
Vallorcine - 1994 - Neg 6x6 - n120a94p006v05

 


 

Hibou écrasé sur la route - © Norbert Pousseur

... grand hibou qui méritait un autre sort ...      Photographie Norbert Pousseur
Île de France - 1995 - Neg 6x6 - n120a95p020v10

 


 

Cadavre de blaireau - © Norbert Pousseur

... blaireau dont il ne reste que la carcasse dans le fossé ...      Photographie Norbert Pousseur
Île de France - 1999 - Diag 6x6 - d120a99p047v13

 


 

Cadavre de chat - © Norbert Pousseur

... dans nos villes c'est le chat qui paie le plus lourd tribu ...      Photographie Norbert Pousseur
Provence - 2012 - Num 21 Mpx - 5d2d2_1889

Le même en espagnol :
Cadáveres de animales a lo largo de los caminos
Le même en anglais :
Corpses of animals along roads

 

 

Article de 1892 du dictionnaire d'agriculture de Barral et Sagnier

ANIMAUX MORTS (économie rurale), — Longtemps les animaux morts dans les campagnes, soit de maladie, soit de vieillesse, ou par accident,ont été,le plus souvent, enfouis en terre ou bien simplement abandonnés sur le bord des fossés des chemins ou au milieu des champs, le tout au détriment de la santé et en causant de grandes pertes pour la richesse des terres. Afin de tâcher de mettre fin à ces pratiques, la Société nationale d’agriculture a ouvert un concours sur les meilleurs moyens d’utiliser les animaux morts, et le prix a été décerné, en 1830, à Payen, dont le mémoire, aussitôt publié, a fait faire de grands progrès à la question.
Désormais, il n’est plus permis à un agriculteur un peu instruit de ne pas utiliser tous les débris d’animaux, et si la pratique de l’enfouissement des animaux morts des maladies charbonneuses est encore suivie, elle est entourée de précautions que les découvertes de M. Pasteur sur les causes de ces maladies ont fait prescrire ; il serait même peut-être mieux d’y renoncer pour avoir recours à la cuisson préalable, et ensuite à la transformation, soit en engrais, soit en divers produits industriels. La cuisson complète suffit pour détruire tous les êtres infiniment petits qui peuvent indéfiniment donner le charbon lorsqu’ils sont introduits, par un moyen quelconque, dans le sang d’un être vivant.
L’incinération a le même avantage, mais elle détruit la matière organique en pure perte pour l’agriculture. L’enfouissement, même à plusieurs mètres de profondeur, laisse subsister éternellement les germes d’un mal contagieux et mortel. Les vers de terre ramènent ces germes à la surface du sol où ils peuvent exercer leur action néfaste. A part le procédé d’enfouissement recommandé par Payen, pour le cas d’animaux morts de maladies charbonneuses ou d’empoisonnement par des morsures venimeuses, toutes les indications que le chimiste agronome éminent a recommandées sont judicieuses pour l’utilisation des animaux morts.
Elles méritent d’être résumées dans leurs parties essentielles pour les agriculteurs, en laissant de côté les moyens à employer dans les établissements spéciaux, tels que les clos d’équarrissage, les boyauderies, les fabriques de noir animal, les fabriques d’engrais ou de produits chimiques, etc. Leur application est plus ou moins importante, selon que le bétail joue, dans une exploitation rurale, un rôle plus ou moins considérable. Lorsqu’il n’y a qu’un très petit nombre d’animaux morts, chaque année, on doit se borner aux procédés les plus simples ; il ne peut être question de faire des frais d’établissement d’appareils de préparation des débris que lorsqu’il y a une agglomération d’animaux vivants assez grande; l’association pour l'établissement de ces appareils doit être, autant que possible, volontaire ; elle peut être aussi municipale, puisque les municipalités doivent intervenir dans le cas de maladies contagieuses et d’épizooties.

1- Dépècement des animaux morts.— «Tous les animaux, dit Payen, doivent être dépouillés et dépecés de la même manière. On coupe le plus près possible de leur racine les crins, et l’on arrache les fers des pieds lorsqu’il y a lieu. L’animal, «tendu à terre ou sur une table, est maintenu sur le dos, le ventre tourné vers l’opérateur; celui-ci, à l'aide d’un couteau bien affilé, pratique une incision longitudinale dans toute l’épaisseur de la peau, et même un peu plus avant, depuis le milieu de la mâchoire inférieure, traversant en ligne droite je cou, la poitrine et le ventre jusqu’à l’anus ; il incise de même la peau des quatre membres, dans le sens de leur longueur, en coupant à angle droit la première incision, et s’arrêtant près de chacune des extrémités, où se fait une incision circulaire. Saisissant alors de la main la moins exercée un des côtés de la peau dans l’incision longitudinale, il la détache successivement sur le ventre, la poitrine, le cou, les jambes et les parties latérales, à l’aide de coupures qui s’insinuent entre la peau et la chair; on doit avoir le soin, surtout si l’on manque d’habitude et que l’animal soit maigre, de diriger le tranchant de la lame vers les muscles dont on entame toujours quelques portions, afin d’éviter que la peau ne puisse être endommagée. Dès que toutes les parties ci-dessus indiquées sont dénudées, on retourne l’animal sur le ventre, afin d’achever de le dépouiller. La queue, fendue par la première incision, est développée; sa partie intérieure, osseuse et charnue, est tranchée aussi loin que possible de sa racine, afin de laisser plus d’étendue à la peau. On continue de séparer celle-ci de toute la région du dos, à laquelle elle adhère encore ; arrivé vers la tête, on tranche les oreilles près de leur insertion, et l’on termine l’opération en dépouillant toute la partie postérieure de la face. Dans les localités où la proximité des tanneries, mégisseries, maroquineries, etc., permet d’expédier à ces établissements les peaux toutes fraîches, on laisse, sans la dépouiller, toute la partie interne de la queue ; les oreilles, et même les lèvres, peuvent également être laissées adhérentes à .la peau, de peur de l’endommager en les extrayant. Les écorcheurs de profession le font à dessein pour rendre la peau plus lourde, parce qu’elle se vend au poids. Lorsque, au contraire, les peaux doivent être expédiées à des distances un peu plus grandes il faut extraire soigneusement toutes les parties charnues. Après que l’animal a été dépouillé, on enlève toutes les parties intestinales, les viscères de la poitrine et le diaphragme, que l’on dépose non loin de là ; on désarticule les quatre pieds, après avoir relevé les tendons, afin d’éviter de les couper en tranchant le jarret et le genou; on désarticule ensuite les jambes de derrière en coupant les muscles qui leur correspondent le plus près possible de l’insertion aux os du bassin ; les jambes de devant sont séparées de même, et l’on s’occupe alors d’enlever toutes les chairs sur ces diverses parties, en mettant à part les plus beaux morceaux, lorsqu’ils sont susceptibles de servir d’aliments; les chairs extraites entre les côtes, dans les vertèbres du cou et dans toutes les parties anfractueuses de la tête, sont en petits lambeaux ou raclures. »
Pour la séparation de toutes les matières animales mises de côté par le dépècement et qui ne doivent pas être employées dans l’alimentation, il est bon d’employer de l’eau phéniquée dans les opérations, afin d’éviter la production des germes dangereux pour l’opérateur; c’est une précaution indispensable à prendre lorsqu’on a affaire à des animaux morts d’affections contagieuses et notamment charbonneuses.
Lorsqu’il ne se trouve personne capable de bien dépouiller un animal mort, on peut suivre un procédé plus simple pour permettre de l’utiliser comme nourriture, soit pour les hommes, soit pour les porcs, les chiens ou les poules. On commence par ouvrir le ventre de l’animal, on en tire les boyaux, qu’on met à part pour les utiliser comme engrais ; on coupe ensuite l’animal en six ou huit morceaux, de manière que chacun de ceux-ci puisse entrer dans la chaudière des appareils à cuire les aliments qui doivent être compris dans l’outillage de toutes les exploitations rurales ; on remplit la chaudière à moitié avec de l’eau que l’on fait chauffer jusqu’au commencement de l’ébullition ; à ce moment, on met dans la chaudière un des morceaux, et on laisse continuer l'ébullition jusqu’à ce que le poil puisse être arraché facilement; on retire alors le morceau échaudé, et on a soin d’arracher promptement les poils en les saisissant entre la lame d’un couteau et le pouce, et en ratissant ensuite avec le même couteau. On fait échauder, et on prépare de la même manière tous les morceaux de l’animal. Ces morceaux peuvent être ensuite salés pour en faire la conservation, ou bien on devra en achever la cuisson pour les employer en nourriture immédiate. Quant à l’eau dans laquelle on aura fait bouillir les diverses parties de l’animal pour les échauder, on la passera dans un linge clair, afin d’en séparer les poils, et on la mêlera avec du son, des recoupes, etc., pour la faire servir à la nourriture des porcs. On peut admettre comme fait absolument certain que l’ébullition détruit tous les germes ou virus susceptibles de devenir nuisibles à l’homme ou aux animaux domestiques par leur dissémination.

2 - Sang. — Le sang écoulé par une saignée ou .celui qu’on trouve coagulé dans l’intérieur du corps d’un animal ne doit jamais être perdu. Il faut le recueillir dans un vase pour en faire soit de l’engrais, soit un aliment. Pour faire un engrais, le mieux est de mélanger le sang avec environ huit fois son poids de terre qu’on a fait sécher au feu; avec 4000 à 5000 kilogrammes de mélange on peut donner une bonne fumure à un hectare de terre. Quand le sang est frais et provient d’une bête saine, on peut l’employer à faire un pain très nutritif en pétrissant de la farine de blé avec ce sang au lieu d’eau ; on fait cuire ce pain à la manière ordinaire. On peut le manger frais, ou bien le conserver en le coupant par tranches qu’on fait dessécher au four pour s’en servir ensuite au fur et à mesure des besoins.

3 - Peaux. — Les peaux forment la partie des animaux morts dont on fait généralement l’usage le plus facile et le plus avantageux, depuis celles des taupes et des rats jusqu’à celles des grands animaux. Si les établissements dans lesquels les tanneurs, les mégissiers ou autres industriels travaillent les peaux sont peu éloignés, on peut les leur envoyer à l’état frais; elles y seront prises au poids ou à la pièce, selon les espèces. Si ces établissements sont éloignés, on doit préparer les peaux pour les conserver à l’état vert ou à l’état sec. Il faut, dans les deux cas, en éliminer d’abord toutes les parties charnues ou grasses. Pour les garder à l’état vert, on les imprègne d’un lait de chaux léger obtenu avec 1 kilogramme de chaux délayé dans 40 litres d’eau environ. Pour les conserver à l’état sec, on leur fait d’abord subir une demi- dessiccation, en les étendant à l’air; on peut ensuite ou les soumettre à l’action de l’acide sulfureux en les suspendant dans une chambre close où l’on brûle du soufre; ou bien les imbiber d’une dissolution de sel marin et d’alun dans laquelle on les fait tremper ; ou bien, enfin, les traiter par une dissolution phéniquée. Les peaux de bœufs, bouvillons, vaches, génisses, chevaux, mulets, ânes, veaux, se vendent aux tanneurs et hongroyeurs, celles de chèvres, chevreaux, moutons tondus, agneaux, cerfs, biches, aux mégissiers; les plus belles parmi celles des chèvres et des moutons, aux maroquiniers; celles des moutons dont on n’a pas enlevé la laine aux négociants laveurs de laine; celles des lapins et des lièvres aux chapeliers, sans autre préparation que d’avoir été desséchées en prenant garde que le sang ou tout autre liquide animal se répande sur les poils ; les autres peaux se vendent aux fourreurs. Les peaux à poils ras, telles que celles des chevaux, bœufs, ânes,- mulets, etc., qui ne s’emploient généralement que débarrassées de leurs poils, peuvent être débourrées facilement par les gens de campagne en plongeant ces peaux dans de la lessive qui a servi au lavage du linge ou dans un lait de chaux à 3 pour 100; le poil s’enlève facilement en raclant avec un couteau. Les peaux sont ensuite desséchées pour être vendues; le produit du débourrage peut servir pour rembourrer les selles, fabriquer des couvertures grossières ou pour engrais; dans ce dernier cas, on a recours avec avantage à leur torréfaction.

4 - Graisses.— Les matières grasses des animaux n’ont pas d’utilité dans les engrais, mais elles ont une valeur industrielle assez grande, de telle sorte que les agriculteurs doivent chercher à les extraire des animaux morts; ils peuvent en tirer un bon parti. Il y a d’abord la graisse qu’on peut enlever dans le dépècement. On doit la rechercher sous la peau, autour du cœur et de l’intestin, près des parois internes, entre le péritoine et les parties inférieures de l’abdomen, dans l’épaisseur du mésentère et du médiastin, enfin entre les gros muscles. Il y a ensuite la graisse qu’on peut extraire des os.
Lorsqu’on a retiré les premières parties grasses par le dépècement, on les taillade en fragments de la grosseur des amandes avec un couteau ou un hachoir ; ces fragments sont introduits dans une chaudière que l’on chauffe de manière à obtenir la fusion de la graisse qui s’écoule du tissu adipeux, la chaleur faisant dilater et crever les cellules non entamées par le couteau. A l’aide d’une écumoire, on enlève les lambeaux de tissu cellulaire et on en extrait la graisse par la pression ; les débris dégraissés servent à animaliser la nourriture des chiens.
Un autre procédé, pour la fonte des suifs, est encore employé avec avantage ; il consiste à mettre dans la chaudière de l’eau aiguisée par 3 pour 100 de son poids environ d’acide sulfurique, et à faire bouillir les matières grasses brutes avec cette eau acidulée dans la proportion de deux parties de matières grasses pour une partie d’eau. On laisse déposer lorsque les cellules sont suffisamment attaquées; le suif surnage, on l’enlève et le passe au tamis. Les débris qui restent sur le tamis forment ce qu’on appelle des cretons; on s’en sert pour la nourriture des chiens de garde ou de berger. Il se dégage, pendant cette opération, des vapeurs âcres, désagréables, qu’il faut diriger dans une cheminée qui tire bien. La graisse ainsi obtenue peut servir à des usages alimentaires; en outre, si elle est ferme, on l’utilise dans la fabrication des chandelles ou dans la préparation des cuirs hongroyés; si elle est molle ou presque huileuse, comme celle des chevaux, on l’emploie pour imprégner les harnais et les souliers, pour alimenter les lampes; si elle est de consistance moyenne, pour le graissage des moyeux des roues de voitures, etc.
Les parties creuses des os et les portions spongieuses des apophyses contiennent une matière grasse qu’on extrait également en la faisant liquéfier sous l’eau par la chaleur; on doit préalablement couper en tranches de quelques millimètres d’épaisseur les parties celluleuses des gros os, telles que les bouts arrondis qui se trouvent dans les articulations ou jointures, ce qui se fait facilement avec une scie à main; le corps de l’os est concassé avec la tête de la hache, de manière qu’il soit fendu et que la moelle soit mise à nu. On peut d’ailleurs traiter de même tous les os qui servent journellement dans le pot-au-feu, mais sans attendre trop longtemps, parce que la graissé se fixerait dans le tissu osseux, qui ne serait plus imprégné de l’eau qui s’oppose, dans les os frais, à l’infiltration de la matière grasse. On ne fend, on ne soumet au travail de la scie pour en faire des fragments susceptibles d’être traités pour l’extraction de la graisse, que les os qui, en raison de leurs formes, peuvent être vendus aux tabletiers.
Les os de la partie inférieure des membres des bœufs, vaches, moutons, chevaux, sont aussi traités à la scie, et on les soumet séparément à l’ébullition pour obtenir les huiles dites de pieds de bœufs, de pieds de moutons, de pieds de chevaux.
Les divers os qui peuvent servir à l’extraction des matières grasses, outre les os de travail et les os hachés, sont: les os de têtes de bœufs, dits canards ; les parties osseuses, légères, qui remplissent l’intérieur des cornes, dites cornillons; celles du même genre qui sont insérées dans les onglons des bœufs et des vaches; les os plats et minces des épaules de moutons; ceux des jambes, qui sont trop peu épais pour servir à la tabletterie.
On fait d’abord bouillir l’eau qui doit remplir la chaudière à moitié ; on ajoute ensuite les os coupés, de telle sorte qu’ils soient couverts d’eau de la hauteur du quart de la chaudière; on continue l’ébullition en remuant avec une forte pelle trouée; au bout d’une demi-heure, on arrête l’ébullition par l’addition d’un peu d’eau froide, et l'on écume la graisse avec une cuillère. On enlève ensuite les os avec une pelle, et on se sert de la même eau pour faire une deuxième opération avec d’autres fragments d’os, et ainsi de suite. L’eau gélatineuse obtenue peut servir pour préparer la soupe des porcs.

5 - Os. — Les os privés de graisse sont vendus aux fabricants de gélatine, aux fabricants de noir animal, enfin, aux tabletiers ; ces derniers recherchent surtout les os plats des épaules, les os cylindriques des gros membres et les parties les plus larges et les plus solides des côtes des bœufs et des vaches. Les agriculteurs peuvent faire un excellent engrais en concassant ou pulvérisant les os avec des moulins à cylindres cannelés. La poudre d’os est estimée par tous les cultivateurs habiles.

6 - Crins, poils, laine, soies, plumes. — Toutes ces substances sont conservées par une dessiccation dans un four modérément chauffé, c’est-à-dire à une température telle qu’il ne puisse en résulter aucune altération. Il est bon, à la fin de la dessiccation, de brûler un peu de soufre dans le four pour dégager l’acide sulfureux ; cela se pratique facilement en mettant au milieu de la sole deux brasiers sur lesquelles on place un vase quelconque percé de quelques trous, et dans lequel on a mis une mèche soufrée allumée. On ensache dès que le soufre a fini de brûler.
Il est bon de rendre imperméables les toiles dans lesquelles on renferme les plumes, en les frottant avec un morceau de cire que l’agriculteur peut faire lui-même en fondant ensemble 3 parties de cire et une partie de galipot. On ne conserve que les plumes qui peuvent servir pour les lits ou pour écrire, etc. ; les plumes défectueuses sont utilisées comme engrais. Payen donne le moyen suivant pour préparer les plumes à écrire : « On fait chauffer sur une plaque de tôle, ou dans une marmite en fonte, du sable ou du grès, jusqu’à ce qu’une bouilloire ou une cafetière pleine d’eau et placée dans le sable soit échauffée au point de l'ébullition ; alors on retire ce vase et on plonge le tuyau des plumes dans le sable ; on laisse les plumes en cet état pendant un quart d’heure à peu près ; alors on les retire successivement et aussitôt on frotte fortement le tube avec un morceau de serge ou de gros drap. Les plumes d’oies et de corbeaux ainsi préparées sont d’une très bonne qualité ; elles se taillent et se fendent bien; on peut même se servir, pour le même usage, des plumes de canards, de poules, etc., quoiqu’elles soient de bien moins bonne qualité. »
Les crins longs, tels que ceux de la queue des chevaux dits à tous crins, sont mis à part comme ayant plus de valeur que les crins courts ; ceux-ci ne servent qu’à filer des cordes ou à rembourrer des coussins, les meubles de siège, les selles des chevaux, etc. ; les premiers s’emploient dans la confection des étoffes de luxe. Les crins à rembourrer sont d’abord mis en tresses, puis exposés à la vapeur d’eau bouillante afin que, après le refroidissement, ils conservent les formes ondulées qui assurent l’élasticité.
Les soies de cochon que l’on arrache après l’échaudage des porcs peuvent être assimilées aux crins courts et vendues aux bourreliers, aux fabricants de meubles et apprêteurs de crins.
La bourre formée de poils enlevés aux peaux, comme il a été dit plus haut, sert à fabriquer des feutres pour le doublage des navires.

7 - Cornes, sabots, ergots, onglons. — Ces diverses parties des animaux sont assemblées pour la vente de manière à assortir celles qui ont les mêmes dimensions et les mêmes couleurs à peu près ; les plus grands et les moins colorés de ces objets ont le plus de valeur, surtout quand ils n’offrent pas de déchirure. On met à part les cornes et les sabots peu colorés, mais difformes ; on fait aussi un lot des petits ergots et des rognures ou fragments de petites dimensions. Les sabots, cornes et ongles entiers sont achetés par des aplatisseurs qui les préparent pour la fabrication des peignes et autres objets en corne ; ceux qui sont défectueux servent à faire la poudre et la ràpure de corne blonde ou brune; les déchets, menus fragments et petits ergots servent à la fabrication du prussiate de potasse. La poudre et la râpure de corne sont employées pour la fabrication des objets en corne fondue ; elles peuvent être préparées par l’habitant des campagnes qui n’a qu’à user, avec une râpe, les fragments de corne à transformer. Il est ensuite possible d’utiliser la râpure soit comme engrais puissant, soit pour faire des galettes par pression à chaud, avec un quart de ràpure et des fragments de cornes diverses ; ces galettes sont achetées par les tabletiers.
L’habitant des campagnes peut aussi se livrer à l’aplatissage des cornes et des ergots, parce que ces objets ont une valeur trois à quatre fois plus grande que celle des cornes et des ergots à l’état brut. On ne doit faire l’aplatissage qu’autant qu’on peut obtenir des plaques d’une étendue de 7 à 8 centimètres en tous sens. On supprime les bouts des cornes avec une scie, et on les fend ensuite, de même que les ergots, dans leur courbure interne ; on les chauffe alors dans de l’eau maintenue à l’ébullition durant une demi-heure; à ce moment, quand l’état d’amollissement est suffisant, on étend toutes les parties avec des tenailles, et on soumet les morceaux à une forte pression entre deux plaques de fer ou de fonte.

8 - Fers et clous. — Les fers plus ou moins usés dont sont munis les pieds des chevaux, des bœufs, ânes et mulets, au moment où ils meurent ou sont abattus, doivent être enlevés, car lors même qu’ils ne peuvent plus être forgés pour reservir, ils donnent, quand on en chauffe trois ou quatre à la fois, et qu’on les corroye ensemble au marteau, un fer d’excellente qualité. Les clous arrachés des pieds des animaux morts s’emploient aussi utilement sous le nom de rapointés pour hérisser les pièces de bois qui doivent être recouvertes de plâtre ou de mortier; on s’en sert aussi, surtout en Auvergne, pour ferrer les sabots ou pour fixer les lattes avec lesquelles on palisse les arbres à fruit le long des murailles, et en général pour tous les usages dans lesquels on emploie les clous à tête.

9 - Tendons. — Les tendons ou parties fibreuses qui attachent les muscles aux os, et qu’on appelle vulgairement des nerfs, sont en général enlevés en les tranchant au ras de leur point d’attache au moyen d’un couteau dont on fait passer la lame entre eux et les os ; on les suit, autant qu’on le peut, dans la chair musculaire, en y laissant le moins possible de celle-ci. Ces parties des animaux morts sont généralement employées à la fabrication de la gélatine ou colle forte, et on les joint, pour cet usage, aux rognures de peaux, aux oreilles, pénis, pattes de chats, de chiens, etc. On les traite par un lait de chaux durant 8 à 15 jours ; on les fait ensuite sécher pour les livrer au commerce. Ces diverses matières peuvent d’ailleurs servir, quand elles sont à l’état frais, pour faire des gelées dans les ménages; il faut, pour cela, les couper en tranches minces, puis les soumettre à une longue ébullition avec 8 à 10 fois leur poids d’eau et quelques assaisonnements ; on passe à travers un tamis et on laisse refroidir ; la masse se prend en une gelée savoureuse. Le nerf de bœuf est le nom vulgaire de la partie épaisse du bord supérieur libre du ligament jaune élastique cervical postérieur du bœuf et du cheval; c’est par suite d’une erreur populaire que cette partie est prise pour le pénis ou membre génital du bœuf, arraché et desséché. — On se sert aussi des nerfs de bœuf pour faire des cordes, des ligatures et des instruments de supplice.

10 - Issues, boyaux, vidanges. — Les parties internes des animaux morts, telles que le foie, les poumons, la cervelle, le cœur, ainsi que les déchets des boyaux, doivent être hachées le plus menu possible, et ensuite mélangées, ainsi que la vidange des intestins, avec de la terre sèche, dans la proportion de 1 partie de ces diverses matières avec 7 à 8 parties de terre. Le tout est mélangé plusieurs fois et conservé en un compost recouvert de terre, lequel constitue, après s’être transformé en une sorte de terreau, un excellent engrais. Ces mêmes matières animales peuvent aussi être employées à la production des asticots.
Quant aux intestins grêles ou boyaux longs et droits, et aux cæcums ou boyaux courts, naturellement fermés d’un bout, ils servent, les uns et les autres, à la fabrication des boyaux insufflés, de la baudruche, des cordes harmoniques ou des cordes mécaniques, à raquettes, à fouets, d’arçon, etc., que l’on prépare dans les usines dites boyauderies. Les agriculteurs peuvent les préparer de manière à les vendre avantageusement à ces usines Pour cela, après avoir dégraissé les boyaux en les raclant avec un couteau, mais en prenant bien soin de ne pas les entamer, on les rince en les passant entre les doigts pour en faire sortir le plus d’eau possible ; on les étend ensuite sur des cordes pour les sécher, et quand la dessiccation est opérée à moitié, on les expose dans une chambre à l’action du gaz sulfureux obtenu par la combustion du soufre ; on achève ensuite la dessiccation par un étendage, et on les expose encore une fois aux vapeurs de la combustion d’une mèche soufrée, avant de les emballer, en les pliant avec précaution dans des caisses pour leur expédition. Les pis de vache, coupés au ras de la tétine, sont préparés de la même manière pour être vendus aux fabricants de biberons pour l’allaitement artificiel.

 

Résumé. — Toutes les parties des animaux morts peuvent être avantageusement employées, soit par l’industrie, soit au moins pour la fabrication des engrais. Les dangers de leur usage sont nuls par la cuisson dans l’eau bouillante ou dans la vapeur à deux ou trois atmosphères de pression ; la dessiccation permet de les conserver avant de s’en servir; les enterrer purement et simplement, c’est faire une perte considérable et ce n’est pas éviter le danger de la communication des maladies contagieuses.



Photo de la semaine 20 de l'année 2013

 
Le même en espagnol :
Cadáveres de animales a lo largo de los caminos
Le même en anglais :
Corpses of animals along roads

 

 

 

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