Cette année, dans une grande partie de l'Europe, il a beaucoup plu, ce qui est favorable aux escargots. Avant qu'ils ne se cachent et qu'ils reviennent en masse à l'automne, en voici quelques-uns déambulant au ras du sol ou dans les airs.
Dans les descriptions ci-dessous on parle d'escargots ravageant des cultures ou d'autres carnivores. Je me souviens, étant enfant, laissant un gros escargot de bourgogne grimper sur ma main, avoir été surpris par un pincement assez douloureux : celui-ci était en train de goûter ma peau tendre !
Description extraite du dictionnaire d'agriculture de Barral et Sagnier de 1892
ESCARGOT. — Mollusque gastéropode, pulmoné, terrestre et pourvu d’une coquille univalve tournée en volute ou spirale. L’Escargot est aussi appelé Limaçon, Limace à coquille ou Colimaçon. Ses tentacules sont au nombre de quatre. Il appartient au genre Hélice. Ses espèces sont nombreuses, mais celles qui intéressent la culture sont au nombre de sept seulement.
Les escargots sont hermaphrodites et ovipares. Ils s’accouplent pendant la belle saison à des époques variables suivant les latitudes ; ils produisent de 60 à 80 œufs arrondis et enveloppés d’une légère couche calcaire ; ces œufs éclosent au bout de vingt à quarante jours, selon les localités.
Tous les Hélices se nourrissent de feuilles, de pousses, d’écorce et de fruits, et causent parfois de grands dégâts dans les jardins et les vignes. Durant le jour, ils se tiennent cachés sous les feuilles, sous les pierres ou dans les trous des murs. A l’approche de l’hiver, ils s’enfoncent en terre ou se cachent dans des trous, ferment l’opercule de leur coquille avec un mucoso-corné, sorte d’épiphragme qui les protège contre les agents nuisibles ; ils restent ainsi pendant cinq à six mois sans manger et dans un état d’engourdissement ou de somnolence, enfoncés dans leur coquille. C’est sur les feuilles au pied des plantes et sur les troncs des arbres que les escargots déposent leurs œufs.
Escargot des bois - illustration de l'article
Les espèces nuisibles sont les suivantes :
1° Escargot des bois (Hélix nemoralis). Coquille de petite dimension, plus large que haute, à cinq tours de spire. Coloration jaune avec bandes plus ou moins nombreuses et diversement colorées. Cette espèce est parfois très commune dans les jardins et les bois. On la mange rarement. On la désigne souvent sous le nom d'Escargot des jardins (H. hortensis).
2° Escargot des vignes ou Gros Escargot ou Vigneron (H. pomatia). Coquille ventrue, la plus grosse de toutes celles qu’on rencontre en France, à cinq tours de spire et généralement fauve, à bandes foncées, inégales, mais très apparentes; elle est très commune dans les pays calcaires du nord de l’Europe, et très recherchée pour être mangée. Cette espèce est remplacée dans le Midi par H. lucorum, qui s’attaque aux raisins, pêches, etc.
3° Escargot chagriné (H. aspera). Coquille globuleuse, mince, fragile, chagrinée et blanc sale à quatre tours de spire. Cette espèce est commune dans les jardins ; elle est aussi parfois très répandue dans les Vignes et les prairies de la Provence. Elle est comestible.
4° Escargot hispide (H. hispida). Coquille globuleuse légèrement déprimée à cinq ou six tours de spire avec une bande étroite et blanchâtre sur le milieu. Cette espèce est commune dans les jardins et les trous des vieux murs.
5° Escargot mélanostome (H. melanostoma). Coquille épaisse, solide, très globuleuse, et à quatre à cinq tours de spire, grisâtre avec une bande foncée. Cette espèce est commune et très recherchée dans la région méridionale.
6° Escargot Lacté (H. lactea). Cette espèce a beaucoup de rapport avec l’Escargot des vignes. Elle a été introduite en 1829 dans le Roussillon, où elle est assez répandue. Elle est aussi comestible.
7° Escargot rhodostome (H. rhodostoma). Coquille moyenne, globuleuse, blanche avec des bandes brunes et des taches jaunes. Cette espèce est parfois très commune dans les contrées méridionales. On la mange dans le Midi.
Escargot des vignes - illustration de l'article
C’est au printemps que les Escargots se réveillent et commencent à vivre aux dépens des végétaux. On en détruit beaucoup en les ramassant le soir ou le matin, ou après une pluie douce ou une pluie d’orage. Les Hérissons, les Blaireaux, les Buses, les Corbeaux, etc., en détruisent aussi un grand nombre.
Les Escargots donnent lieu, à Paris, à un commerce important, parce qu’on en mange beaucoup. Les plus recherchés viennent de la Bourgogne, de la Champagne., du Poitou, etc., c’est-à-dire des contrées vignobles, où le sol est calcaire. On les vend au cent et on les expédie dans des sacs ou des paniers. Ceux que l’on récolte pendant l’hiver, alors que l’ouverture de leur coquille a été murée par une exsudation calcaire, sont les plus estimés. Au printemps, toutes les espèces comestibles ont moins de valeur commerciale.
Escargot à bouche noire - illustration de l'article
Dans certaines localités on élève et on engraisse artificiellement les Escargots pour les livrer ensuite au commerce ; c’est une industrie spéciale assez fructueuse.
Les Limaçons ont causé de grands dommages en 1843,1846, 1853 et 1867 dans les vignes du Bordelais. Ces Mollusques y étaient si nombreux que sur divers points les ceps ont été entièrement dépouillés de leurs feuilles. En 1867, plusieurs maires ont été forcés de prendre des arrêtés pour prescrire l’enfouissement des Escargots que les élèves des écoles primaires avaient ramassés.
M. Bignon a constaté, dans le Médoc, que les Escargots étaient toujours rares dans les vignes qui sont soutenues par des échalas et des treillages sulfatés avec le sulfate de cuivre.
Description partielle pour le terme Hélice extraite du dictionnaire d'Histoire-naturelle de Guerin de 1833
HéLICE
.../...
Circonscrit de cette manière, le genre Hélice, dans lequel se placent les espèces vulgairement connues sous les noms de Colimaçon, Escargot, etc.
.../...
Les Romains, d’après ce que nous dit Pline, faisaient une assez grande consommation des Hélices, et il paraît qu’ils les élevaient dans des enclos disposés exprès. Pline rapporte le nom de celui qui imagina de parquer ainsi ces troupeaux d’un nouveau genre. Les meilleures Hélices venaient, dit-on, de l’île d’Astypalée, l’une des Cyclades ; celles de Sicile, des Baléares et de l’île de Caprée étaient aussi très-estimées ; il paraît qu’on les renfermait aussi dans des lieux disposés exprès et qu’on les y engraissait avec de la farine et divers aliments. Aujourd’hui encore on recherche ces animaux dans beaucoup de pays ; quelques peuples à demi civilisés les mangent boucanés, c’est-à-dire desséchés à la fumée; d’autres les font cuire et leur donnent des préparations assez variées.
Dans beaucoup de villes de France, on en porte au marché ( principalement l'Hélix pomatia ), et il n’est personne à Paris qui n’en ait remarqué à la porte des herboristes ou des marchands de comestibles. Quelquefois on fait avec les Hélices des bouillons dont le mucilage est utile contre certaines maladies de poitrine ou d’estomac; mais les propriétés spéciales qu’on a voulu leur accorder sont tout-à-fait sans fondement, et c’est avec raison qu’on a cesse de les indiquer dans les traités de thérapeutique.
Georges Tarenne, auteur de la Cochiopérie, les a conseillées dans le traitement des hernies ; il emploie pour cela le sang qu’il a obtenu de l’animal, en piquant celui-ci avec un instrument aigu, et le met en guise de cataplasme sur la pelote du bandage. Deux ou trois cents Hélices employées ainsi pendant quelques mois suffisent, d’après lui, pour une guérison complète. Quelques autres emplois des animaux qui nous occupent ont également été indiqués ; ils ne sont probablement ni plus rationnels ni plus efficaces.
Escargots - illustration de l'article, signé Acarie Baron (dessinateur) et Pedretti (graveur)
Les Hélices vivent dans les bois, dans les jardins ou dans les prairies ; elles se cachent pendant la sécheresse et ne sortent ordinairement que pendant les temps humides, surtout après les pluies d’orage; quelques unes cependant paraissent résister à la sécheresse même, et il en est que l’on voit sur les rochers les plus arides et dans des lieux exposés au soleil. Elles vivent plusieurs années et passent l’hiver dans un état de somnolence, renfoncées qu’elles sont dans leurs coquilles, et protégées le plus souvent contre les agents nuisibles par un épiphragme, pièce mucosocornée qui ferme comme un opercule l’ouverture de leur coquille, mais qui n'est point, comme l’opercule, une partie fixée sur le pied de, l’animal ; cet éphipragme est seulement un produit de sécrétion non inhérente. Dans quelques cas, les Hélices ne se forment pas un véritable épiphragme; elles appliquent l’orifice de leur coquille contre les parois d’un mur ou sur l’écorce d’un arbre, et une sorte de mousse qu’elles produisent les scelle, pour ainsi dire, à leur point de support.
Presque toutes sont frugivores ou végétivores, car elles se nourrissent aussi bien des feuilles des végétaux que de leurs fruits ; elles attaquent quelquefois le linge et aussi le papier lorsqu’elles en trouvent à leur portée; quelques espèces sont considérées comme carnivores ; une des plus remarquables, sous ce point de vue, est celle qu’on nomme dans nos provinces méridionales le Peson, H, algira. Elle se jette, ainsi que l’a constaté Laurent, sur les autres Colimaçons et les dévore; les paysans provençaux, auxquels ce fait est bien connu, écrasent les Pesons toutes les fois qu’ils les rencontrent, parce qu’ils attaquent certaines espèces qu’eux-mêmes recueillent pour les vendre.
.../...
Sur Wikipedia, un article bien documenté - Escargot
Voir aussi la page suivante montrant un grand nombre d'escargots européens du site de Gireaud
Photo de la semaine 24 de l'année 2013
|