Articles et gravures, extraits de différents magazines
Vendeuse de confetti, reproduction d'un tableau de Daniel Hernandez
publié dans 'Le Figaro illustré'
de 1897
"La présentation"
reproduction partielle d'un tableau de Gavarni
publié dans 'Le Figaro illustré'
de 1901 sur les Carnavals, lithographie de A. Charpentier
"Allons-y Gaiement", jour de carnaval,
reproduction d'un tableau de Gavarni
publié dans 'Le Figaro illustré'
de 1901, lithographie de A. Charpentier
Le carnaval par Honoré Daumier
publié dans 'Le Figaro illustré'
de 1901
Le Boeuf gras à Paris
- Reconstitution du char de d'Artagnan de 1844
publié dans 'Le Petit journal'
de 1896
Le Bœuf gras à Paris (Petit Journal, 16 février 1896)
Enfin nous l’aurons, le bœuf gras, et j’avoue très sincèrement que j’en suis enchanté.
On ne me trouvera peut-être point lame suffisamment Scandinave, je n’en ai cure ; nous nous embrumons, je le déplore de toute ma force.
Les joies publiques, que l’on semble repousser, amènent la bonté.
Ceux qui s’amusent sont moins méchants que les autres.
« Méfie-toi des visages blêmes », disait César.
Les joues de ceux qui rient sont rouges, et le rire, selon le grand Rabelais, est le propre de l’homme.
Nous allons voir les beaux cortèges, avec les masques exubérants ; ce sera un plaisir public et fort innocent.
Vive la joie !
Depuis la guerre on avait supprimé le bœuf et sa suite. Nous avions, prêchait-on, de sérieux devoirs à remplir ; en quoi empêchaient-ils la gaieté ?
Hypocrisie que tout cela !
Des hommes résolus ont tenté ce retour au passé; il faut les en féliciter et blâmer très fort ceux qui ont mis et veulent mettre encore des bâtons dans les roues de leurs chars enrubannés.
Beaucoup d’argent sera dépensé à cette occasion ; tant mieux mille fois ; ceux qui travaillent, les seuls qui m’intéressent, avec les pauvres, en profiteront.
Puis les enfants ouvriront de grands yeux éblouis devant tant de comiques magnificences.
Le lendemain, on se remettra au travail avec plus de cœur, après une utile distraction. Or le travail du peuple fait la grandeur et la fortune de la France.
Donc encore une fois : Virent la joie et le bœuf gras, qui la traînera derrière lui !
La mi-carême
- Le cortège des étudiants
publié dans 'Le Petit journal'
de 1893
Le cortège de la Mi-carême (Petit Journal, 18 mars 1893)
Les étudiants ont eu une excellente idée, bien de leur âge, celle de s’amuser.
Ils ont organisé une belle et fantaisiste cavalcade dont vous avez vu la description dans les journaux.
Combien, dans ce cas, la folie est la sagesse !
On leur en voulait, un peu, à ces jeunes gens, de certaines manifestations ; on leur reprochait le tumulte des cours Larroumet et Poirier ; on leur donnait tort d’avoir manqué de galanterie envers les dames.
Ils viennent de se réhabiliter d’un coup et par un adorable moyen qui est à leur portée ; ils ont été jeunes !
Les poseurs, ceux qui viennent au cours en boggy, ficelés à la dernière mode, éreintés par la partie de poker de la nuit précédente, ont pu se formaliser; tant pis pour eux, ils sont par bonheur l’exception ; mais les autres, les vrais, ceux qui vivront et qui seront des hommes, ont « rigolé » comme ils disent, et ils ont bien fait, cent fois bien fait, «pour ce que, selon la parole de Rabelais, notre vrai maître de philosophie, rire est le propre de l'homme ».
Je suis, et m’en vante, de ceux qui regrettent, pour les avoir vus dans leur enfance, les magnifiques cortèges du bœuf gras et aussi la cavalcade du Prophète qu’organisait un magasin d’habillement, remplacé aujourd’hui par un bouillon.
Il paraît que nous sommes trop graves aujourd’hui pour ces amusements.
Qui est-ce qui a dit cela ? Mais, gens pratiques et sombres que vous êtes, outre la joie qu’ils procuraient au pauvre, songez-vous à l’argent qu’ils répandaient dans le commerce ?
Nous vivons dans une torpeur grise qu’il faut secouer si nous voulons être forts. Gloire et merci aux étudiants, qui l’ont compris !
Le cortège de la mi-carême
publié dans 'Le Petit journal'
de 1897
Deux chars du cortège de la mi-carême
publié dans 'Le Petit journal'
de 1897
Le cortège de la Mi-carême (Petit Journal, 4 avril1897)
Il n’y a plus de bonne Mi-Carême sans cavalcade d’étudiants. C’est la fête des lavoirs, des marchés et des écoles, c’est-à-dire de la franche gaieté et de la bonne humeur.
Un comité est formé ; il fonctionne longtemps, il s’entoure de mystère et élabore dans l’ombre son programme. Dur labeur ! Il faut de la fantaisie, de l’actualité et se montrer jeune ! Ce qui sort de cette montagne de projets, c’est à l’ordinaire une sorte de pantomime-revue, un peu grosse, mais en somme toujours amusante, qu’il offre au public. Les étudiants qui désirent participer à cette chevauchée burlesque versent une cotisation de dix francs, moyennant quoi ils ont droit à un costume et à quelques rafraîchissements bien gagnés. Cette année ce sera pour eux un plaisir gratuit. On dit qu’un généreux donateur a versé la grosse somme au comité et que les cotisations ont été restituées. Qu’il soit béni, cet ami des expansions juvéniles !
Le carnaval autrefois était le moment heureux des étudiants. De la Bédolière écrivait en 1853 en parlant de l’étudiant en droit : a Le carnaval est l’élément du bambocheur ; c’est alors qu’il se montre dans tout son éclat ; craignant qu’on ne lui vole sa montre à la faveur de la confusion des bals masqués, il s’empresse de la déposer entre les mains d’un commissaire du mont-de-piété, et le même administrateur intègre se charge d’un manteau complètement inutile à son propriétaire pour se déguiser en postillon ; dès lors plus de soucis, plus de soins de l’avenir. »
De nos jours le bambocheur, l’étudiant de vingtième année est bien rare, et s’il y a encore quelques traînards, la très grande majorité de nos jeunes gens pioche ferme. Le quartier Latin de nos pères n’est plus qu’un lointain souvenir. L’homme se fait vite aujourd’hui et l’avenir se dresse devant tous avec son besoin de travail et d’impérieuse réussite. Malheur aux vaincus, c’est-à-dire aux faibles et aux paresseux ! Aussi est-ce avec une grande sympathie que l’on voit les étudiants se livrer au plaisir, sachant bien que demain ils reprendront leur vie de labeur.
Cette année encore, ils nous ont conviés à un beau défilé avec la collaboration de la garde républicaine à cheval et des cyclistes d'un club touriste.
Accompagnant le char de la reine des reines et les chars des lavoirs et des marchés, voici venir les Tziganes, Mon Mollet très remarqué, le char du Pôle Nord d’une jolie fantaisie, avec ses nouveaux fonctionnaires, puis le char algérien, bien amusant aussi celui-là, le char de l'Ecole d’Alfort, celui des Facultés ; tout cela suivi de musiques militaires, de fanfares, toutes choses brillantes et bruyantes, qui ont mis en joie la population.
En voilà pour une année pendant laquelle nos personnages politiques et littéraires devront se dire, en songeant à la cavalcade prochaine : Prenons garde, l’actualité nous guette.
|